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donna un édit si extravagant ; que Quirinus ne fut gouverneur de Syrie que dix ans après les couches de Marie, et que ce Luc était probablement un gredin qui, ayant entendu dire qu’il s’était fait un cens des citoyens romains sous Auguste, et que Quirinus avait été gouverneur de Syrie après Varus, confond toutes les époques et tous les événements ; qu’il parle comme un provincial ignorant de ce qui s’est passé à la cour, et qu’il a encore le petit amour-propre de dire qu’il est plus instruit que les autres.

C’est ainsi que s’expriment les impies ; mais ne croyez que les pies : parlez toujours en pie. Lisez surtout sur cet article les Questions de frère Zapata ; elles vous éclairciront cette difficulté comme toutes les autres.

Il n’y a peut-être pas un verset qui ne puisse embarrasser un capucin ; mais avec la grâce de Dieu on explique tout.

XX. — Ne manquez pas de nous avertir si vous rencontrez dans votre chemin quelques-uns de ces scélérats qui ne font qu’un cas médiocre de la transsubstantiation, de l’ascension, de l’assomption, de l’annonciation, de l’Inquisition, et qui se contentent de croire un Dieu, de le servir en esprit et en vérité, et d’être justes. Vous reconnaîtrez aisément ces monstres. Ils se bornent à être bons sujets, bons fils, bons maris, bons pères. Ils font l’aumône aux véritables pauvres, et jamais aux capucins. Le révérend père Hayer[1], récollet, doit se joindre à nous pour les exterminer. Il n’y a de vraie religion que celle qui procure des millions au pape, et d’amples aumônes aux capucins. Je me recommande à vos prières et à celles du petit peuple qui habite dans votre sainte barbe.


fin de l’instruction.

  1. Un des collaborateurs du Journal chrétien. Il en est parlé tome XXIV, page 434.