Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome27.djvu/315

Cette page n’a pas encore été corrigée

A FRÈRE PÉDICULOSO. 307

luis, etc.. Ainsi, vous avez fait le contraire des fornicantes, etc. »

Sa sœur Ooliba a fait encore pis^ : « Elle s'est abandonnée avec fureur à ceux dont les membres sont comme des membres d'ânes, et dont la semence est comme la semence des chevaux ; et insanivit Ubidinc super concubitum eormn quorum carnes suiit ut carnes asinorum, et sicut fluxus equorum fluxus eorum. » Le terme de semence est beaucoup plus expressif dans l'hébreu. Nous ne savons si vous devez le rendre par le mot énergique qui est en usage à la cour, chez les dames, en de certaines occasions. C'est ce que nous laissons absolument à votre discrétion.

Après un examen honnête de ces belles choses, nous vous conseillons de passer légèrement sur Jérémie, qui court tout nu dans Jérusalem, chargé d'un bât-; mais nous vous prions de ne point passer sous silence le prophète Osée, à qui « le Seigneur ordonne^ de prendre une femme de fornication, et de se faire des enfants de fornication, parce que la terre fornicante forni- quera du Seigneur; et Osée prit donc Gomer, fille deDebelaïm ». Quelque temps après « le Seigneur* lui ordonne de coucher avec une femme adultère, et il achète une femme déjà adultère, pour quinze pièces d'argent et une mesure et demie d'orge ».

Rien ne contribuera plus, notre cher frère, à former l'esprit et le cœur^ de la jeunesse que de savants commentaires sur ces textes. Ne manquez pas d'évaluer les quinze pièces d'argent don- nées à cette femme. Nous croyons que cela monte au moins à sept livres dix sous. Les capucins, comme vous savez, ont des filles à meilleur marché.

XVn. — Nous vous parlerons peu du Nouveau Testament. Vous concilierez les deux généalogies: c'est la chose du monde la plus aisée, car l'une ne ressemble point du tout h l'autre; il est évident que c'est là le mystère. Le bon Calmct dit naïvement, à propos des deux généalogies de Melchisédech : « Gomme le mensonge se tra- hit toujours par lui-même, les uns racontent sa généalogie d'une manière, les autres d'une autre. » Il avoue donc, dira-t-on, que cette dififérence énorme de deux généalogies est la preuve évidente d'un puant mensonge. Oui, pour Melchisédech, mais non pas pour Jésus-Christ, car Melchisédech n'était qu'un homme, mais Jésus- Christ était homme et Dieu : donc il lui fallait deux généalogies.

��i. Ézéchiel, ch. xxiii. {Xote de Votlaire.)

2. Jérémie, xxvri, 2.

3. Osée, ch. i. {Note de Voltaire.)

4. Osée, chapitre m. {Id.)

5. Voyez la note, tome XXI, page 09.

�� �