Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome27.djvu/296

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
288
CHAPITRE XXXII.


douze Du Haillan m’auraient assuré que Charles VIII était né d’un autre que de Louis XI, je ne devrais pas les en croire aveuglément. Un lecteur sage doit, ce me semble, prononcer comme les juges : Pater est quem nuptiæ demonstrant.


CHAPITRE XXXI.
autre anecdote plus hasardée[1].

On a dit que la duchesse de Montpensier avait accordé ses faveurs au moine Jacques Clément pour l’encourager à assassiner son roi. Il eût été plus habile de les promettre que de les donner ; mais ce n’est pas ainsi qu’on excite un prêtre fanatique au parricide : on lui montre le ciel, et non une femme. Son prieur Bourgoin était bien plus capable de le déterminer que la plus grande beauté de la terre. Il n’avait point de lettre d’amour dans sa poche quand il tua le roi, mais bien les histoires de Judith et d’Aod, toutes déchirées, toutes grasses à force d’avoir été lues.


CHAPITRE XXXII.
de henri iv[2].

Je pense entièrement comme l’auteur de l’Essai sur les Mœurs sur la mort de Henri iv ; je pense que ni Jean Châtel ni Ravaillac n’eurent aucun complice : leur crime était celui du temps ; le cri de la religion fut leur seul complice. Je ne crois point que Ravaillac ait fait le voyage de Naples, ni que le jésuite Alagona ait prédit dans Naples la mort de ce prince, comme le répète encore notre Chiniac. Les jésuites n’ont jamais été prophètes : s’ils l’avaient été, ils auraient prédit leur destruction ; mais, au contraire, ces pauvres gens ont toujours assuré qu’ils dureraient jusqu’à la fin des siècles. Il ne faut jamais jurer de rien.

  1. Voyez tome XVIII, page 200.
  2. Voyez ibid.