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GOUVERNEMENT DE ROME SOUS CHARLEMAGNE.


mais ce qu’il y a de plus fort encore contre toutes ces suppositions, c’est que ni Andelme, ni Aimoin, ni même Éginhard, secrétaire de Charlemagne, n’en parlent pas. Éginhard fait un détail très-circonstancié des legs pieux que laisse Charlemagne, par son testament, à toutes les églises de son royaume. « On sait, dit-il, qu’il y a vingt et une villes métropolitaines dans les États de l’empereur. » Il met Rome la première, et Ravenne la seconde. N’est-il pas certain, par cet énoncé, que Rome et Ravenne n’appartenaient point aux papes ?


CHAPITRE XXIV.
que charlemagne exerça les droits des empereurs romains.

Il me semble qu’on ne peut ni rechercher la vérité avec plus de candeur, ni en approcher de plus près, dans l’incertitude où l’histoire de ces temps nous laisse. Cet auteur impartial paraît certain que Charlemagne exerça tous les droits de l’empire en Occident autant qu’il le put. Cette assertion est conforme à tout ce que les historiens rapportent, aux monuments qui nous restent, et encore plus à la politique, puisque c’est le propre de tout homme d’étendre son autorité aussi loin qu’elle peut aller.

C’est par cette raison que Charlemagne s’attribua la puissance législative sur Venise et sur le Bénéventin, que l’empereur grec disputait, et qui, par le fait, n’appartenait ni à l’un ni à l’autre ; c’est par la même raison que le duc ou doge de Venise Jean, ayant tué un évêque en 802, fut accusé devant Charlemagne. Il aurait pu l’être devant la cour de Constantinople ; mais ni les forces de l’Orient ni celles de l’Occident ne pouvaient pénétrer dans ses lagunes ; et Venise, au fond, fut libre malgré deux empereurs. Les doges payèrent quelque temps un manteau d’or en tribut aux plus forts ; mais le bonnet de la liberté resta toujours dans une ville imprenable.


CHAPITRE XXV.
de la forme du gouvernement de rome sous charlemagne.

C’est une grande question chez les politiques de savoir quelle fut précisément la forme du gouvernement de Rome, quand