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HOMÉLIE
DU PASTEUR BOURN
PRÊCHÉE À LONDRES LE JOUR DE LA PENTECÔTE 1768[1].

Voici le premier jour, mes frères, où la doctrine et la morale de Jésus fut manifestée par ses disciples. Vous n’attendez pas de moi que je vous explique comment le Saint-Esprit descendit sur eux en langues de feu[2]. Tant de miracles ont précédé ce prodige qu’on ne peut en nier un seul sans les nier tous. Que d’autres consument leur temps à rechercher pourquoi Pierre, en parlant tout d’un coup toutes les langues de l’univers à la fois, était cependant dans la nécessité d’avoir Marc pour son interprète[3] ; qu’ils se fatiguent à trouver la raison pour laquelle ce miracle de la Pentecôte, celui de la résurrection, tous enfin, furent ignorés de toutes les nations qui étaient alors à Jérusalem ; pourquoi aucun auteur profane, ni grec, ni romain, ni juif, n’a jamais parlé de ces événements si prodigieux et si publics, qui devaient longtemps occuper l’attention de la terre étonnée ? En effet, dit-on, c’est un miracle incompréhensible que Jésus, ressuscité, montât lentement au ciel dans une nuée[4] à la vue de tous les Romains qui étaient sur l’horizon de Jérusalem, sans que jamais aucun Romain ait fait la moindre mention de cette ascension, qui aurait dû faire plus de bruit que la mort de César, les batailles de Pharsale et d’Actium, la mort d’Antoine et de Cléopâtre. Par quelle providence

  1. La Pentecôte était cette année le 22 mai, mais l’Homélie ne fut publiée que quatre ou cinq mois après. Les Mémoires secrets en parlent au 21 octobre. L’édition originale de l’Homélie forme 16 pages in-8o, y compris le Fragment d’une lettre de lord Bolingbroke, placé tome XXIV, page 155, et qui pourrait bien n’être que de 1768.
  2. Actes, II, 3.
  3. Ibid., XIII, 5.
  4. Actes, i, 9, 10.