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LES COLIMAÇONS

DU RÉVÉREND PÈRE L'ESC ARBOTIER

PAR LA GRACE DE DIEU CAPUCIN INDIG\E

PRÉDICATEUR ORDINAIRE ET CUISINIER DU GRAND COUVENT DE LA VILLE

DE CLERMONT EN AUVERGNE

AU RÉVÉREND PERE ELIE

CARME CHAUSSÉ, DOCTEUR EN THÉOLOGIE

��PREMIERE LETTRE^

Mon révérend Père,

Il y a quelque temps qu'on ne parlait que des jésuites, et à présent on ne s'entretient que des escargots. Chaque chose a son temps ; mais il est certain que les colimaçons dureront plus que tous nos ordres religieux : car il est clair que, si on avait coupé la tète à tous les capucins et à tous les carmes, ils ne pourraient plus recevoir de novices ; au lieu qu'une limace à qui l'on a coupé le cou reprend une nouvelle tête au hout d'un mois.

Plusieurs naturalistes ont fait cette expérience, et, ce qui n'ar- rive que trop souvent, ils ne sont pas du même avis. Les uns disent que ce sont les limaces simples, que j'appelle incoques, qui reprennent une tête ; les autres disent que ce sont les escargots,

1. L'édition originale de cet opuscule a 24 pages in-8°, et dut paraître en sep- tembre, puisque les Mémoires secrets, après l'avoir annoncé le 6 octobre, parlent, dix jours après, d'une Réponse d'un compagnon de Pierre Fort, au philosophe de Saint-Flour, capucin et cuisinier, sur les coquilles et bien d'autres choses. On trouve dans le Mercure de juin 1770, page 153, une Lettre (de Linguet) sur l'exécution des limaçons. (B.)

2. De cette première lettre, Voltaire avait, en 1771, fait la première section de l'article Colimaçons, dans ses Questions sur l'Encyclopédie.

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