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DE LA CHINE. 11

l'empereur. Tu me feras grand plaisir, mon ami. Va-t'en vite chercher tes dieux ; je vais en attendant faire ordonner à mes cuisiniers de se tenir prêts pour les faire cuire; tu leur diras à quelle sauce il les faut mettre : je m'imagine qu'un plat de dieux est une chose excellente, et que je n'aurai jamais fait meilleure chère,

FRÈRE RIGOLET.

Sacrée Majesté, j'ohéis à vos ordres suprêmes, et je reviens dans le moment. Dieu soit héni! voilà un empereur dont je vais faire un chrétien, sur ma parole. »

Pendant que frère Rigolet allait chercher son déjeuner, l'em- pereur resta avec son secrétaire d'État Ouang-Tsé ; tous deux étaient saisis de la plus grande surprise et de la plus vive indi- gnation.

« Les autres jésuites, dit l'empereur, comme Parennin, Ver- biest, Péreira, Bouvet, et les autres, ne m'avaient jamais avoué aucune de ces abominables extravagances. Je vois trop bien que ces missionnaires sont des fripons qui ont à leur suite des imbé- ciles. Les fripons ont réussi auprès de mon père en faisant de- vant lui des expériences de physique qui l'amusaient, et les imbéciles réussissent auprès de la populace : ils sont persuadés, et ils persuadent ; cela peut devenir très-pernicieux. Je vois que les tribunaux ont eu grande raison de présenter des requêtes contre ces perturbateurs du repos public. Dites-moi, je vous prie, vous qui avez étudié l'histoire de l'Europe, comment il s'est pu faire qu'une religion si absurde, si blasphématoire, se soit intro- duite chez tant de petites nations?

LE SECRÉTAIRE d'ÉTAT,

Hélas! sire, tout comme la secte du dieu Fo s'est introduite dans votre empire : par des charlatans qui ont séduit la populace. Votre Majesté ne pourrait croire quels effets prodigieux ont faits les charlatans d'Europe dans leur pays. Ce misérable qui vient de vous parler vous a lui-même avoué que ses pareils, après avoir enseigné à la canaille des dogmes qui sont faits pour elle, la sou- lèvent ensuite contre le gouvernement : ils ont détruit un grand empire qu'on appelait l'empire romain, qui s'étendait d'Europe en Asie, et le sang a coulé pendant plus de quatorze siècles par les divisions de ces sycophantes, qui ont voulu se rendre les maîtres de l'esprit des hommes ; ils firent d'abord accroire aux princes qu'ils ne pouvaient régner sans les prêtres, et l)ientôt ils s'élevè- rent contre les princes. J'ai lu qu'ils détrônèrent un empereur

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