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1G8 CHAPITRE XXY.

Ces mécomptes, en fait d'hydraulique et de forces mouvantes, arrivent tous les jours à plus d'un artiste ^

��CHAPITRE XXV.

DES MÉPRISES EX MATHÉMATIQUES.

Ce fut le scandale de la géométrie lorsque, vers le commen- cement de ce siècle, des mathématiciens français et allemands disputèrent sur la force des corps en mouvement. Les disciples de Leibnitz prétendaient que cette force était en raison composée du carré de la vitesse et de la pesanteur des corps. Les Français, au contraire, ne mesuraient cette force que par la vitesse multi- pliée par la masse. .AI. de Mairan exposa le malentendu avec beau- coup de clarté. La victoire demeura à l'ancienne philosophie, et il est à remarquer que jamais aucun géomètre anglais ne voulut entendre parler de la nouvelle mesure introduite en Allemagne par Leibnitz.

L'Académie des sciences de Paris fut trompée quelque temps sur une matière plus importante. Voici le fait tel qu'il est rap- porté dans les Éléments de Newton- :

« Louis XIV avait signalé son règne par cette méridienne qui traverse la France; l'illustre Dominique Cassini l'avait commencée avec monsieur son fils; il avait, en 1701, tiré du pied des Pyrénées à robservatoire une ligne aussi droite quon le pouvait, à travers les obstacles presque insurmontables que les hauteurs des mon- tagnes, les changements de la réfraction dans l'air, et les alté- rations des instruments opposaient sans cesse à cette vaste et dé- licate entreprise; il avait donc, en 1701, mesuré six degrés dix-huit minutes de cette méridienne. Mais de quelque endroit que vînt Terreur, il avait trouvé les degrés vers Paris, c'est-à-dire vers le nord, plus petits que ceux qui allaient aux Pyrénées vers le midi; cette mesure démentait et celle de X'orwood et la nouvelle théorie de la terre aplatie aux pôles. Cependant cette nouvelle théorie commençait à être tellement reçue que le secrétaire de l'Aca- démie ^ nhésita point, dans son Histoire de 1701, à dire que les

1. Cependant, moins de quatre-vingts ans après, ces bateaux commençaient à changer les conditions d'existence de la marine marchande. Il est vrai qu'il y avait la vapeur. (D.)

2. Voyez tome XXII, page 5-4G.

3. Fontenelle.

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