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D'UN BATEAU DU MARÉCHAL DE SAXE. 167

��CHAPITRE XXIV.

d'un bateau du maréchal de saxe.

Le maréchal de Saxe avait sans doute l'esprit de combinaison, de pénétration, de vigilance, qui forme un grand capitaine. Cepen- dant, en 1729, il imagina de construire une galère sans rame et sans voile qui remonterait la rivière de Seine, de Rouen à Paris, en vingt-quatre heures, dans l'espace de quatre-vingt-dix lieues : car il n'y en a pas moins par les sinuosités de la rivière. On a construit de pareilles machines, dans lesquelles on peut se pro- mener sur une eau dormante au moyen de deux roues à larges aubes, auxquelles une manivelle donne le mouvement. Il ne faisait pas réflexion que son bateau ne pourrait résister au courant de l'eau ; que ce que l'on gagne en temps on le perd en force, et au contraire. Il eut pourtant des certificats de deux membres de l'Académie des sciences, et il obtint un privilège exclusif pour sa machine. Il l'essaya; on croira bien qu'il ne réussit pas. ÎM"'^ Le- couvreur disait alors comme Géronte : « Que diable allait-il faire dans cette galère *? » Cette tentative lui coûta dix mille écus; il n'était pas riche alors. Il répara bien depuis sur terre son erreur sur la rivière de Seine. Il sut ménager plus à propos la force et le temps, en faisant les plus savantes manœuvres de guerre -.

Dissent par la lessive soit du salpêtre, soit des nitres à base terreuse. Cepen- dant on y est parvenu à se procurer du salpêtre, en exposant à l'air, à l'abri de la pluie, des murs de terre calcaire, soit en arrosant ces murs avec des eaux char- gées de matières végétales ou animales, soit même seulement en les plaçant aupi'ès des habitations. L'air méphitique, produit par la décomposition des sub- stances végétales et animales, paraît contribuer à la formation de l'acide nitreux, et les végétaux contribuent à lui donner une base alcaline. L'acide nitreux n'est pas une substance simple; mais ses véritables éléments ne sont pas encore bien connus. (K.)

— Le salpêtre employé pour la poudre résulte de la combinaison de l'acide azotique (eau forte) avec l'alcali des cendres de bois (potasse). On a donné le nom générique de nitres ou salpêtres à tous les azotates. L'Amérique du Sud en contient beaucoup à base de soude. Les matériaux de démolition en contiennent à base de chaux. On le transforme en nitre de potasse qui convient seul pour faire la poudre.

On a essayé de réunir ai-tificiellement les conditions qui ont paru les plus favorables à la production naturelle du nitre. Ces nitrières artificielles sont à peu près complètement abandonnées, sauf dans l'Allemagne du Nord. (D.)

1 . Molière, Fourberies de Scapin, acte II, scène ii.

2. Notamment à la bataille de Fontenov.

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