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444 CHAPITRE XII.

Quelque parti qu'on prenne, dans quelque supposition que l'esprit humain se perde, il est possible, il est vraisemblable, il est même prouvé que plusieurs parties de la terre ont soufïert de grandes révolutions. On prétend qu'une comète peut heurter notre globe en son chemin, et Trissotin, dans les Femmes savantes^, n"a peut-être pas tort de dire :

Je viens vous annoncer une grande nouvelle : Nous l'avons en dormant, madame, échappé belle; Un monde près de nous a passé tout du long, Est chu tout au travers de notre tourbillon ; Et s'il eût en chemin rencontré notre terre, Elle eût été brisée en morceaux comme verre.

La théorie des comètes n'était pas encore connue lorsque la comédie des Femmes savantes fut jouée à la cour en 1672. Il est très-certain que le concours de ces deux globes qui roulent dans l'espace avec tant de rapidité aurait des suites ellVoyables, mais d'une tout autre nature que l'acheminement insensible de l'Océan à l'endroit où est aujourd'hui le mont Saint-Gothard, ou son départ de Brest et de Saint-Malo pour se retirer vers le pôle et vers le détroit de Hudson, Heureusement il se passera du temps avant que notre Europe soit fracassée par une comète, ou engloutie par l'Océan -.

��CHAPITRE XII.

DES COQUILLES, ET DES SYSTÈMES BATIS SIK DES COQUILLES*.

Il est arrivé aux coquilles la même chose qu'aux anguilles : elles ont fait éclore des systèmes nouveaux. On trouve dans quel- ques endroits de ce globe des amas de coquillages; on voit dans quelques autres des huîtres pétrifiées : de là on a conclu que, malgré les lois de la gravitation et celles des fluides, et malgré la profondeur du lit de l'Océan, la mer avait couvert toute la terre il y a quelques millions d'années.

1. Acte IV, scène m.

"2. Dans les termes que Voltaire emploie, il est certain que le voyage des mers vers les montagnes est ridicule. Quant aux comètes, on les connaît mieux, et malgré leurs vitesses on ne craint guère le choc de masses aussi faibles. La seule éventualité serait la viciation de l'atmosphère. (D.)

3. Voyez, tome XVIIJ, la note 3 de la page 269; et, ci-après, la note 1 de la page 148.

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