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DES SINGULARITÉS' DE LA NATURE PAR UN ACADÉMICIEN DE LONDRES, DE BOLOGNE, DE PÉTERSBOURG, DE BERLIN, ETC.

On se propose ici d'examiner plusieurs objets de notre curio- sité avec la défiance qu'on doit avoir de tout système, jusqu'à ce qu'il soit démontré aux yeux ou à la raison. Il faut bannir, autant qu'on le pourra, toute plaisanterie dans cette recherche. Les railleries ne sont pas des convictions ; les injures encore moins. Un médecin(2) plus connu par son imagination impétueuse que par sa pratique, en écrivant contre le célèbre Linnœus, qui range dans la même classe l'hippopotame, le porc, et le cheval, lui dit : Cheval toi-même. Je l'interrompis lorsqu'il lisait cette phrase, et je ui dis : « Vous m'avouerez que si M. Linnœus est un cheval, c'est le premier des chevaux. » Il n'est pas adroit de débuter par de tehes épithètes, et il n'est pas honnête de conclure par elles. L'examen de la nature n'est pas une satire. Tenons-nous seu- lement en garde contre les apparences, qui trompent si souvent; contre l'autorité magistrale, qui veut subjuguer; contre le charlatanisme, qui accompagne et qui corrompt si souvent les sciences;

1. Le traité Des Singularités de la nature, dont les premières éditions portent la date de ilQS, est mentionné pour la première fois dans les Mémoires secrets, au 4 février 1769. Mais si, comme je le crois, c'est un passage du chapitre xx que rappelle l'auteur dans les Colimaçons du R. P. l'Escarbotier, qui avaient paru dès septembre 17G8, il fallait bien placer les Singularités avant les Colimaçons. Je n'ose ajouter que les Singularités de la nature ont été, sous les yeux de Voltaire, placées dans le tome VIII de ses Nouveaux Mélanges, en 1769, tandis que les Colimaçons sont dans le tome XIII, qui est de 1774. (B.)

2. Ce doit être Maupertuis, sur le compte de qui Voltaire s'est tant égayé voyez tome XXIII, page 559.