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A ANTOINE-JACQUES RUSTAN. US

Le lord Bolingbroke s'exprime ainsi, nouvelle édition de son admirable livre de VExamen important ^ :

(( Vous avez le front de demander ce qu'il faut mettre à la place de vos fables! Je vous réponds: Dieu, la vérité, la vertu, des lois, des peines et des récompenses ; prêchez la probité et non le dogme ; soyez les prêtres de Dieu, et non les prêtres d'un homme, »

L'auteur du Mililaire 'philosophe^, de cet excellent ouvrage qu'on ne peut trop méditer, s'exprime ainsi, page 41 de la nou- velle édition :

« Je mets au nombre des moments les plus heureux de ma vie celui où mes yeux ont commencé à s'ouvrir : indépendam- ment du calme et de la liberté d'esprit dont je jouis depuis que je ne suis plus sous le joug des préjugés religieux, je sens que j'ai de Dieu, de sa nature et de ses puissances infinies, des senti- ments plus élevés et plus dignes de ces grands objets. Je suis plus fidèle à mes devoirs, je les remplis avec plus de plaisir et d'exac- titude, depuis que je les ai réduits à leurs véritables bornes, et depuis que j'ai fondé l'obligation morale sur sa vraie base : en un mot, je suis tout un autre homme, tout un autre père, tout un autre fils, tout un autre mari, tout un autre maître, tout un autre sujet ; je serais de même tout un autre soldat, ou tout un autre capitaine. Dans mes actions, je consulte la nature, la raison et la conscience, qui m'instruisent de la véritable justice ; au lieu que je ne consultais auparavant que ma secte qui m'étourdissait de préceptes frivoles, injustes, impraticables et nuisibles. Mes scrupules ne tombent plus sur ces vaines pratiques dont l'obser- vation tient lieu à tant de gens de la probité et des vertus sociales. Je ne me permets plus ces petites injustices qu'on a si souvent occasion de commettre dans le cours de la vie, et qui entraînent quelquefois de très-grands malheurs, »

Nous voyons avec une extrême satisfaction que tous les grands théistes admettent un Dieu juste qui punit, qui récompense et qui pardonne. Les vrais chrétiens doivent révérer le théisme comme la base de la religion de Jésus : point de religion sans théisme, c'est-à-dire sans la sincère adoration d'un Dieu unique. Soyons donc théistes avec Jésus, et comme Jésus, que vous ap- pelez si indignement fils,,, putatif d'un charpentier.

1. Voyez tome XXVI, page 299.

2. Sur le Militaire philosophe, voyez, ci-après, la note 5 de la page 117.

FIN DES REMONTRAXCES A A.-J, RUSTAN.

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