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A ANTOINE-JACQUES RUSTAN. 111

de ce proverbe des anciens Arabes rapporté par îîen Siracli : u Qu'y a-t-il de meilleur sur la terre ? La tolérance. »

On vous accuse, vous, d'être intolérant comme le sont tous les parvenus orgueilleux. Vous nous apprenez que vous n'êtes point chrétien ; nous savons que vous ne pensez pas que Jésus soit consubstantiel à Dieu; vous êtes donc théiste. Vous assurez que les théistes sont athées; voyez quelle conclusion on doit tirer de vos beaux arguments? Ah! notre pauvre frère, vous n'avez pas le sens commun. Les directeurs de l'hôpital de Genève se repentent bien de vous avoir fait apprendre à lire et à écrire. Si jamais vous y revenez, vous y pourrez causer de grands maux, et surtout à vous-même. Vous avez dans l'esprit une inquiétude et une violence, et dans le style une virulence qui vous attirera de méchantes affaires. Vous commençâtes avant d'être prêtre, et avant même que vous fussiez précepteur chez i\I. Labat, par faire un libelle scandaleux contre Louis XIV S et contre le ministre de Louis XV; M. de Montpérou le fit supprimer par les scolarques. Songez que les rois ont les bras longs, et que Vous nous exposez à porter la peine de vos sottises.

IV. — Que prêtre, soit reformé, soit réformabk, ne doit ni déraisonner, ni mentir, ni calomnier.

Vous accusez la Suisse et Genève ( dans votre troisième lettre à je ne sais qui, page 47) de « produire de petits docteurs incré- dules. Vous avez entendu, dites-vous, des femmes beaux esprits argumenter dans Genève contre Jésus-Christ, et faire les agréables sur l'histoire des Évangiles ».

Nous jugeons qu'il est infâme de calomnier ainsi et la ville qui vous a nourri par charité, et tout le pays helvétique. Si vous ne voulez pas être chrétien, à la bonne heure, nous sommes tolé- rants ; soyez juif, ou mahométan, ou guèbre, ou brame, ou sabéen, ou confutzéiste, ou spinosiste, ou anabaptiste, ou hernhoutre-, ou piétiste, ou méthodiste, ou janséniste, pourvu que vous soyez honnête. Mais n'accusez pas les Suisses et les Genevois vos bien- faiteurs d'être sans religion. Portez surtout un grand respect aux dames : c'est par elles qu'on parvient ; c'est Hélène, l'intendante

1. VExamen historique des quatre beaux siècles de M. de Voltaire, imprime à la suite de: Offrande aux autels et à la patrie, 176i, in-8"; voyez page \iii do TAvertissement de Beuchot en tête du tome XIV.

2. Ou hernhutes; voyez la note sur le Discours aux confédérés catholiques, page 80.

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