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LE PHILOSOPHE IGNORANT.


théologie ; mais s’agit-il de savoir s’il faut être juste, tout l’univers est d’accord, comme nous l’avons dit à la question XXXVI, et comme on ne peut trop le répéter.


XXXIX. — De Zoroastre[1].

Je n’examine point en quel temps vivait Zoroastre, à qui les Perses donnèrent neuf mille ans d’antiquité, ainsi que Platon aux anciens Athéniens, Je vois seulement que ses préceptes de morale se sont conservés jusqu’à nos jours : ils sont traduits de l’ancienne langue des mages dans la langue vulgaire des Guèbres, et il paraît bien aux allégories puériles, aux observances ridicules, aux idées fantastiques dont ce recueil est rempli, que la religion de Zoroastre est de l’antiquité la plus haute. C’est là qu’on trouve le nom de jardin pour exprimer la récompense des justes ; on y voit le mauvais principe sous le nom de Satan, que les Juifs adoptèrent aussi. On y trouve le monde formé en six saisons ou en six temps. Il y est ordonné de réciter un Abunavar et un Ashim vuhu pour ceux qui éternuent.

Mais enfin, dans ce recueil de cent portes ou préceptes tirés du livre du Zend, et où l’on rapporte même les propres paroles de l’ancien Zoroastre, quels devoirs moraux sont prescrits ?

Celui d’aimer, de secourir son père et sa mère, de faire l’aumône aux pauvres, de ne jamais manquer à sa parole, de s’abstenir, quand on est dans le doute si l’action qu’on va faire est juste ou non. (Porte 30.)

Je m’arrête à ce précepte, parce que nul législateur n’a jamais pu aller au delà ; et je me confirme dans l’idée que plus Zoroastre établit de superstitions ridicules en fait de culte, plus la pureté de sa morale fait voir qu’il n’était pas en lui de la corrompre ; que plus il s’abandonnait à l’erreur dans ses dogmes, plus il lui était impossible d’errer en enseignant la vertu.


XL. — Des Brachmanes.

Il est vraisemblable que les brames ou brachmanes existaient longtemps avant que les Chinois eussent leurs cinq kings ; et ce qui fonde cette extrême probabilité, c’est qu’à la Chine les antiquités les plus recherchées sont indiennes, et que dans l’Inde il n’y a point d’antiquités chinoises.

  1. Voyez aussi tome XX, page 616.