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m SERMON DE JOSIAS ROSSETTE.

Êtres pensants, ne redoutez plus rien de la superstition. Vous voyez tous les jours les conseils éclairés des princes catholiques mutiler eux-mêmes petit à petit ce colosse autrefois adoré. On le réduira enfin à la taille ordinaire. Tous les gouvernements sen- tiront que l'Église est dans l'État, et non l'État dans l'Église. Le sacerdoce, à la longue, mis à sa véritable place, fera gloire enfin, comme nous, d'obéir à la magistrature. En attendant, conservons les deux biens qui appartiennent essentiellement à l'homme, la lil)erté et l'humanité. Que les cantons catholiques s'éclairent, et ([uc les cantons protestants ne résistent point, par préjugé, à leur raison éclairée ; vivons en frères avec quiconque voudra être notre frère. Cultivons également notre esprit et nos campagnes. Souvenons-nous toujours que nous sommes une république, non pas en vertu de quelques arguments de théologie, non pas comme zuingllens ou comme œcolampadiens, mais en qualité d'hommes. Si la religion n"a servi qu'à nous diviser, que la nature humaine nous réunisse. C'est aux cantons protestants à donner l'exemple, ])uisqu'ils sont plus florissants que les autres, plus peuplés, plus instruits dans les arts et dans les sciences. N'emploierons-nous nos talents que pour les concentrer dans notre petite sphère? L'homme isolé est un sauvage, un être informe, qui n'a pas en- core reçu la perfection de sa nature. Une cité isolée, inhospita- lière, est parmi les sociétés ce que le sauvage est à l'égard des autres hommes. Enfin, en adorant le Dieu qui a créé tous les mortels, qu'aucun mortel ne soit étranger parmi nous.

��FIN DU SER.M0-\ DE JOSIAS ROSSETTE.

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