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LETTRE

��DE L'ARCHEVEQUE DE GANTORBÉRY A 31. L'ARCHEVÊQUE DE PARIS i.

��J'ai reçu, milord, votre mandement contre le grand Bélisaire, général d'armée de Justinien, et contre M. Marmontel, de l'Aca- démie française, avec vos armoiries placées en deux endroits, surmontées d'un grand chapeau, et accompagnées de deux pen- dants de quinze houppes chacun, le tout signé : Christophe; par monseigneur, La Touche, avec paraphe.

Nous ne donnons, nous autres, de mandements que sur nos fermiers; et je vous avoue, milord, que j'aurais désiré un peu plus d'humilité chrétienne dans votre affaire. Je ne vois pas d'ail- leurs pourquoi vous affectez d'annoncer, dans votre titre, que vous condamnez 31. Marmontel, de l'Académie française.

Si ceux qui ont rédigé votre mandement ont trouvé qu'un général d'armée de Justinien ne s'expliquait pas en théologien congru de votre communion, il me semble qu'il fallait vous con- tenter de le dire sans compromettre un corps respectable, com- posé de princes du sang, de cardinaux, de prélats comme vous, de ducs et pairs, de maréchaux de France, de magistrats, et des gens de lettres les plus illustres. Je pense que l'Académie française n'a rien à démêler avec vos disputes théologiques.

Permettez-moi encore de vous dire que, si nous donnions des mandements dans de pareilles occasions, nous les ferions nous- mêmes.

J'ai été fâché que votre mandataire ait condamné cette pro-

��1. Christophe de Beaumont, voulant surpasser en intolérance la censui-e du cha- pitre XV de Bélisaire, publia, le 31 janvier 1708, un Mandement qui reçut pour réponse la petite lettre anglicane que voici, et qui ne se fit pas attendre longtemps de Ferney, car Voltaire la cite dans sa lettre du l*^"" mars 1708, à M. Le Riche. (Cl.)

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