D'UN AVOCAT DE BESANÇON. 571
Comment puis-je te défendre quand tu t'obstines à justifier l'insolente indiscrétion du centurion Marcel, qui commença par jeter son bâton de commandant et sa ceinture, en disant qu'il ne voulait pas servir l'empereur? Ne sens-tu pas, pauvre fou, que, dans une ville comme la nôtre, où il y a toujours une grosse garnison, tu prêches la révolte, et que monsieur le commandant peut te faire passer par les baguettes?
Puis-je honnêtement prendre ton parti, quand tu reviens tou- jours à ta prétendue légion thébaine, martyrisée à Saint-Maurice? Ne suis-je pas forcé d'avouer que l'original de cette fable se trouve dans un livre faussement attribué à Euclier, évêque de Lyon, mort en 454 : fable dans laquelle il est parlé de Sigismond de Bourgogne, mort en 523 ? Ce misérable conte, aussi bafoué aujourd'hui que tant d'autres contes, est toujours renouvelé par toi, afin que tu ne puisses pas te reprocher d'avoir dit un seul mot de vérité.
Par quel excès d'impertinence reviens-tu trois fois, incorri- gible Nonotte, à la ville de Livron, que tu traitais de village ? On avait daigné t'apprendre ^ que cette ville, autrefois fortifiée, avait été assiégée par le marquis de Bellegarde, et défendue par Roes. Rien n'est plus vrai ; et tu défends ta sotte critique en avouant que Roes fut tué à ce siège : vois quel est ton sens commun. Que t'importe, misérable écrivain, que Livron soit une ville ou un village ?
Considère un peu, Nonotte, quelle est l'infamie de tes procé- dés : tu fais d'abord un gros libelle anonyme contre M. de Vol- taire, que tu ne connais pas, qui ne t'a jamais offensé ; tu le fais imprimer à Avignon clandestinement, chez le libraire Fez, contre les lois du royaume ; tu offres ensuite de le vendre à xM. de Voltaire lui-même pour mille écus -, et quand ta lâche turpitude est décou- verte, tu oses dire, dans un autre libelle, que le libraire Fez est un coquin !
Que diras-tu si on te fait un procès criminel ? Quel sera alors le coquin, du libraire Fez ou de toi ? Ignores-tu que les libelles diffamatoires sont quelquefois punis parles galères? Il t'appartient bien, à toi ex-jésuite, de calomnier un officier de la chambre du roi, qui a la bonté de garder dans son château un jésuite ^ depuis que le bras de la justice s'est appesanti sur eux ! Il te sied bien
��1. Voyez tome X\IV, page 509.
2. Voyez page 139.
3. Le P. Adam.
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