Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome26.djvu/572

Cette page a été validée par deux contributeurs.
562
AVIS À TOUS LES ORIENTAUX.

Ces mêmes jésuites se sont soumis, en Amérique, un pays de quatre cent soixante milles de circonférence ; on dit qu’ils ont civilisé les habitants : ces peuples, en effet, sont civils au point d’être esclaves des bonzes et fakirs catholiques connus sous le nom de jésuites.

Ces mêmes catholiques ont fait plus d’une tentative pour subjuguer le royaume d’Abyssinie.

Le nom de catholique signifie universel ; ce nom leur suffit pour persuader aux idiots qu’on doit dans tout l’univers croire à leurs dogmes, et se soumettre à leur pouvoir ; ces dogmes sont le comble de la démence, et ils disent que c’est précisément ce qui convient au genre humain. Non-seulement ils annoncent trois dieux qui n’en font qu’un, mais ils disent qu’un de ces trois dieux a été pendu. Ils prétendent le ressusciter tous les jours avec des paroles ; ils le mettent dans un morceau de pain ; ils le mangent, et le rendent avec les autres excréments. C’est à cette doctrine qu’ils veulent que tous les hommes se soumettent ; et quand ils sont les plus forts, ils font mourir dans les tourments tous ceux qui osent opposer leur raison à cet excès de folie.

Ces tyrans extravagants se vantent d’être descendus d’un ancien peuple qu’on appelle hébreu, juif, ou Israélite. Ils persécutent avec férocité ces Juifs dont ils se disent les enfants : ils en font des sacrifices à leurs trois dieux, et surtout à celui qu’ils changent en un morceau de pain ; et pendant ces sacrifices de chair humaine, ils chantent les hymnes composés autrefois par ces mêmes Juifs qu’ils immolent. S’ils ont traité avec tant de barbarie toutes les nations étrangères, ils ont exercé mutuellement les mêmes fureurs contre toutes les petites sectes dans lesquelles leur religion est divisée. Il n’y a point de province en Europe que la religion chrétienne n’ait remplie de carnage. Cette barbare égorge chez elle ses propres enfants de la même main qui a porté la désolation aux extrémités du monde.

Il est donc nécessaire qu’on fasse passer ces excès dans toutes les langues, et qu’on les dénonce à toutes les nations.



FIN DE L’AVIS À TOUS LES ORIENTAUX.