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À M. HUME.


Mme  de Volmar. Celui qu’il traite de jongleur lui a fourni le chirurgien dont la main, tout habile qu’elle est, n’a pas plus guéri son corps par ses opérations gratuites que les remontrances de ses amis n’ont pu guérir son cœur.

Il a mis le trouble dans sa patrie avant d’en sortir, comme un incendiaire qui s’enfuit après avoir allumé la mèche. Celui-là, certes, a eu raison qui a dit que Jean-Jacques descendait en droite ligne du barbet de Diogène accouplé avec une des couleuvres de la Discorde.

On n’aurait pas reproché à d’autres sans doute ces opprobres ou connus ou secrets, dont on est forcé de montrer ici la turpitude. Il y a des faiblesses et des humiliations qu’on doit laisser dans les ténèbres, quand les affligés restent dans une obscurité modeste, quand ils ne lèvent point une tête audacieuse, quand ils ne distillent point le fiel et l’outrage. Mais c’est ici un procès personnel qui exclut tous les égards ; et puisqu’il est permis à un Diogène subalterne et manqué d’appeler jongleur le premier médecin de monseigneur le duc d’Orléans, un médecin qui a été son ami, qui l’a visité, traité, qui a été au rang de ses bienfaiteurs, il est permis à un ami de M. Tronchin de faire voir ce que c’est que le personnage qui ose l’insulter. On peut, sur le fumier où il est couché et où il grince les dents contre le genre humain, lui jeter du pain s’il en a besoin ; mais il a fallu le faire connaître, et mettre ceux qui peuvent le nourrir à l’abri de ses morsures.

Finissons par faire sentir qu’un charlatan qui a lassé la pitié de ses bienfaiteurs et l’indignation publique n’a pu déshonorer que lui-même, et non pas la littérature.


DÉCLARATION DE L’ÉDITEUR[1].
Ces Remarques sont d’un magistrat.
La Lettre au docteur Pansophe n’est point de M. de Voltaire.
Voici son désaveu :

Je n’ai jamais écrit la Lettre au docteur Pansophe. Je m’en ferais honneur si elle était de moi. J’ai dû écrire celle que j’ai adressée à M. Hume, comme M. Walpole et M. d’Alembert ont dû écrire de leur côté. Je méprise comme eux Rousseau. Les faits

  1. L’éditeur de 1766.