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LE DÎNER
DU COMTE
DE BOULAINVILLIERS[1]

PREMIER ENTRETIEN.
AVANT DÎNER.
L’ABBÉ COUET.[2]

Quoi ! monsieur le comte, vous croyez la philosophie aussi utile au genre humain que la religion apostolique, catholique et romaine ?

  1. Cet ouvrage est de décembre 1767 ; les Mémoires secrets en parlent dès le 10 janvier 1768 ; la première édition, in-8° de 60 pages, était sans frontispice et sans nom d’auteur. Mais on eut bientôt reconnu Voltaire, et plus que jamais on se déchaîna contre son impiété. Voltaire, effrayé, non-seulement désavoua le Dîner mais il écrivait, le 22 janvier 1768, à Marmontel, que « tous les gens un peu au fait savent l’écrit être de Saint-Hyacinthe, qui le fit imprimer en Hollande en 1728 ». Le lendemain il écrivait à d’Argental que le nom de Saint-Hyacinthe était sur le livre, preuve évidente, selon lui, que Voltaire n’en était pas l’auteur. Et pour prouver ce qu’il disait de l’édition de 1728, Voltaire fit faire une édition intitulée Dîner du comte de Boulainvilliers par M.  Saint-Hiacinte, 1728, in-8° de 60 pages. Mais cette édition de 1728 est imprimée avec les mêmes caractères que la Profession des théistes, l’Épître aux Romains, etc., sortis, en 1768, des presses de Cramer, à Genève. Des libraires de Hollande donnèrent aussi alors une édition sous la date de 1728, in-8° ; elle est en caractères plus gros que celle des Cramer En composant son Dîner, en 1767, Voltaire ne pensa pas que le comte de Boulainvilliers était mort en 1722, et commit quelques anachronismes (vovez pages 547 et 560.)

    Le R. P. Viret, cordelier, qui avait déjà écrit contre la Philosophie de l’Histoire

  2. Couet (Bernard), grand vicaire du cardinal de Noailles, chanoine de Notre-Dame, confesseur du chancelier d’Aguesseau, fut assassiné le 30 avril 1736. Voltaire lui avait adressé, en 1725, un quatrain piquant : voyez tome X, page 486.