Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome26.djvu/488

Cette page n’a pas encore été corrigée

478 LETTRE

Ensuite Ser Ciappelletto s'accuse d'avoir fait balayer sa chambre un jour de dimanche : le confesseur le rassure, et lui dit que Dieu lui pardonnera ; le pénitent fond en larmes, et lui dit que Dieu ne lui pardonnera jamais ; qu'il se souvient qu'à l'âge de deux ans il s'était dépité contre sa mère, que c'était un crime irrémissible; « ma pauvre mère, dit-il, qui m'a porté neuf mois dans son ventre le jour et la nuit, et qui me portait dans ses bras quand j'étais petit. Non, Dieu ne me pardonnera jamais d'avoir été un si méchant enfant ».

Enfin, cette confession étant devenue publique, on fait un saint de Ciappelletto, qui avait été le plus grand fripon de son temps.

Le chanoine Luigi Pulci ^ est beaucoup plus licencieux dans son poème du Morgante. Il commence ce poème par oser toui'ner eu ridicule les premiers versets de VÉvangile de saint Jean.

In principio era il Verbo appresso a Dio, Ed era Iddio il Verbo, e'I Verbo lui; Questo era nel principio, al parer mio, etc.

J'ignore, après tout, si c'est par naïveté ou par impiété que le Pulci, ayant mis l'Évangile à la tête de son poème, le finit par le Salve, Regina; mais soit puérilité, soit audace, cette liberté ne serait pas soufferte aujourd'hui. On condamnerait plus encore la réponse de Morgante à Margutte ; ce Margutte demande à Mor- gante s'il est chrétien ou musulman.

E s'egli crede in Cristo o in Maometto. Rispose aller Margutte: Per dirtertosto, lo non credo più al nero che all'azzuro; Ma nel cappone, o lesso o voglia arrosto.

��Ma sopra tutto nel biion vino ho fede.

Or queste son' Ire virlù cardinali : La oola, il dado, e'I culo, come io t'ho dette.

��Une chose bien étrange, c'est que presque tous les écrivains italiens des xiv% x\\ et xvr siècles, ont très-peu respecté cette même religion dont leur patrie était le centre; plus ils voyaient

��1. Voyez aussi ce qui est dit de Pulci, tome IX, dans la Préface de dom Apu- leius Risorius, en tète de la Pucelle.

�� �