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476 LETTRE

enfants. Diane se poiirmenant avec force vierges est la bienheu- reuse vierge Marie, selon le Psalmiste, lequel dit* : Vierges viendront oprhcUe. Calisto, déflorée par Jupiter et retournant au ciel, est en Matthieu, chap.xii- : Je reviendrai dans la maison dont je suis sortie. Aglaure transmuée en pierre se trouve en Job, chap. xlii-^ : Son cœur s'endurcira comme pierre. Europe engrossée par Jupiter est en Salomon ^ : Écoute, fille; vois, et incline ton oreille, car le roi t'a concupiscée. Ézéchiel a prophétisé d'Actéon qui vit la nudité de Diane ^ : Tu étais nue; j'ai passé par là et je t'ai vue. Les poètes ont écrit que Bacchus est né deux fois, ce qui signifie le Christ, né avant les siècles et dans le siccle^. Sémélé, qui nourrit Bacchus, est le prototype de la bienheureuse Vierge, car il est dit en Exode  : Prends cet enfant, nourris-le-moi, et tu auras salaire. »

Ces impiétés sont encore moins voilées que celles de Babe- lai».

C'est beaucoup que dans ce temps-là on commençât en Alle- magne à se moquer de la magie. On trouve dans la lettre de maître Achatius Lampirius une raillerie assez forte sur la conju- ration qu'on employait pour se faire aimer des filles. Le secret consistait à prendre un cheveu de la fille ; on le plaçait d'abord dans son haut-de-chausse ; on faisait une confession générale, et l'on faisait dire trois messes pendant lesquelles on mettait le cheveu autour de son cou ; on allumait un cierge bénit au der- nier Évangile, et on prononçait cette formule : « cierge! je te conjure par la vertu du Dieu tout-puissant, par les neuf chœurs des anges, par la vertu gosdrienne, amène-moi icelle fille en chair et en os, afin que je la saboule à mon plaisir, etc. »

Le latin macaronique dans lequel ces lettres sont écrites porte avec lui un ridicule qu'il est impossible de rendre en français; il y a surtout une lettre de Pierre de La Charité, messager de gram- maire à Ortuin, dont on ne peut traduire en français les équivo- ques latines : il s'agit de savoir si le pape peut rendre physique- ment légitime un enfant bâtard. Il y en a une autre de Jean de Schwinfordt, maître es arts, où l'on soutient que Jésus-Christ a été moine, saint Pierre prieur du couvent, Judas Iscariote maître d'hôtel, et l'apôtre Philippe portier,

Jean Schluntzig raconte, dans la lettre qui est sous son nom, qu'il avait trouvé à Florence Jacques de Hochstraten (Grande

1. XLiv, 14. 5. XVI, 7, 8.

2. Verset 44. 6. Ecclésiastique, xxiv, 14.

3. Verset 15. 7. iit, 9.

4. xLiv, 10.

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