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464 ESSAI SUR LES DISSENSIONS

d'Oliva, en 1660. Us Tavaient été plus expressément encore par la Russie en 1686, quand la Pologne céda l'ancienne Kiovie, la capitale de l'Ukraine, à Tempire russe. La religion grecque est nommée la religion orthodoxe dans les instruments signés par le grand Sobieski.

Ces nobles ont donc eu recours à ce qu'il y a de plus sacré sur la terre, les serments de leurs pères, ceux des princes garants, les lois de leur patrie, et les lois de toutes les nations.

Us s'adressèrent à la fois à l'impératrice de Russie Catherine II, à la Suède, au Danemark, à la Prusse. Us implorèrent leur inter- cession. C'était un bel exemple dans des gentilshommes accou- tumés autrefois à traiter dans leurs diètes des affaires de l'État le sabre à la main, d'implorer le droit public contre la persécution. Cette démarche même irritait leurs ennemis.

L^e roi Stanislas Poniatowski, fils de ce célèbre comte Ponia- towski si connu dans les guerres de Suède, élu du consente- ment unanime de ses compatriotes, ne démentit pas dans cette affaire délicate l'idée que l'Europe avait de sa prudence. Ennemi du trouble, zélé pour le bonheur et la gloire de son pays, tolé- rant par humanité et par principe, religieux sans superstition, citoyen sur le trône, homme éclairé et homme d'esprit, il proposa des tempéraments qui pouvaient mettre en sûreté tous les droits de la religion catholique romaine, et ceux des autres com- munions. La plupart des évêques et de leurs partisans opposèrent le zèle de la maison de Dieu au zèle patrioUque du monarque, qui attendit que le temps pût concilier ces deux zèles.

Cependant les gentilshommes dissidents se confédérèrent en plusieurs endroits du royaume. On vit, le 20 mars 1767, près de quatre cents gentilshommes demander justice par un mémoire signé d'eux, dans cette même ville de Thorn qui fumait encore du sang que les jésuites avaient fait répandre. D'autres confédé- rations se formaient déjà en plus grand nombre, et surtout dans la Lithuanie, où il se fit vingt-quatre confédérations. Toutes en- semble formèrent un corps respectable. La substance de leurs manifestes contenait « qu'ils étaient hommes, citoyens, nobles, membres de la législation, et persécutés; que la religion n'a rien de commun avec l'État; qu'elle est de Dieu à l'homme, et non pas du citoyen au citoyen ; que la funeste coutume de mêler Dieu aux affaires purement humaines a ensanglanté l'Europe depuis Constantin ; qu'il doit en être dans les diètes et dans le sénat comme dans les batailles, où l'on ne demande point à un capitaine qui marche aux ennemis de quelle religion il est ; qu'il

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