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FRAGMENT DES INSTRUCTIONS
POUR
LE PRINCE ROYAL DE***
1752[1]

I.

Vous devez d’abord, mon cher cousin, vous affermir dans la persuasion qu’il existe un Dieu tout-puissant qui punit le crime, et qui récompense la vertu. Vous savez assez de physique pour voir que ces anciennes erreurs, qu’il faut le grain pourrisse[2] et meure en terre pour germer, etc., détruiraient plutôt l’idée d’un Dieu formateur du monde qu’elles ne l’établiraient. Vous avez appris assez d’astronomie pour être sûr qu’il n’y a ni premier ni troisième ciel, ni région de feu auprès de la lune, ni firmament auquel les étoiles soient attachées, etc., mais un nombre innombrable de globes disposés dans l’espace par la main de l’éternel géomètre. On vous a montré assez d’anatomie pour que vous ayez admiré par quels incompréhensibles ressorts vous vivez. Vous n’êtes point ébranlé par les objections de quelques athées ; vous

  1. Cette date a été mise par Voltaire ; mais elle est supposée. Le Fragment des instructions, etc., fut publié, pour la première fois, à la fin de juillet 1767. Dans l’édition originale, à la suite du Fragment, on avait placé plusieurs morceaux : 1° Du Divorce (c’est le Mémoire d’un magistrat, qui est au tome XVII, pages 68-70) ; 2° De la Liberté de conscience, article qui fait aussi partie du Dictionnaire philosophique (voyez tome XVIII, page 238) ; 3° la première Anecdote sur Bélisaire (voyez ci-dessus, page 109), avec la date du 20 mars 1767. Une autre édition encadrée, sous le millésime 1768, contient de plus la Seconde Anecdote sur Bélisaire (voyez ci-desus, page 169), et la Lettre de l’archevêque de Cantorbéry à l’archevêque de Paris. (B.)

    — Un prince, dans ce morceau, conseille un autre prince. Cet autre prince ne serait-il pas Frédéric-Guillaume, prince royal de Prusse, alors âgé de vingt-trois ans ? (G. A.)

  2. I. Cor., xv, 36.