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MÉMOIRE. 357

11 n'est aucun événement singulier sur lequel l'auteur ne prît scrupuleusement les informations les plus amples, il lut les ouvrages des écrivains dont il fait le catalogue; il vit les chefs- d'œuvre des peintres, des sculpteurs dont il parle; et surtout il les vit encore par les yeux des meilleurs connaisseurs, craignant d'en croire trop sa propre opinion.

Enfin tous les soins qu'on peut prendre pour rendre justice à son siècle, il les a épuisés; et s'il est encore quelques méprises dans cet ouvrage, qui, bien que court, est d'un détail immense, elles seront corrigées dans la nouvelle édition qu'on prépare.

Il est d'une nécessité absolue de réitérer ici les plaintes qu'on a déjcà portées au tribunal du public K Un de ces mauvais Fran- çais qui croient faire quelque fortune dans les pays étrangers en décriant leur patrie s'avisa de falsifier cet ouvrage en 1752, et de le charger de notes infâmes contre la mémoire de Louis XIV, contre Sa Majesté aujourd'hui régnante, contre monseigneur le duc d'Orléans, les maréchaux de Villars et de Villeroi, tous les ministres et tous ceux qui ont servi la patrie.

Figurez-vous un gueux échappé des petites-maisons, qui cou- vrirait de son ordure les statues de Louis XIV et de Louis XV : tel était ce misérable. Il se nomme L'Anglevieu, dit La Beaumelle, natif de Castres, né huguenot, élevé dans cette religion à Genève; mais bien éloigné de ressembler aux sages protestants qui, res- pectant les puissances et les lois, sont toujours attachés à leur patrie. Il avait été inscrit à Genève parmi les protestants qui étu- dient en théologie, le 12 octobre 1745, sous le rectorat de M. Ami de La Rive, et s'était essayé à prêcher à l'hôpital pendant une année.

Ce fut lui qui, pour un peu d'argent, iit imprimer à Francfort ce tissu d'infamies, qui l'emporte sur tous les libelles que les presses de Hollande ont mis au jour contre nos rois et leurs ministres. C'est dans ce livre qu'il dit qu'un roi qui veut le bien est un être de raison, et. que Louis XIV ne réalisa jamais cette chimère; que les libéralités de Louis XIV sont tout ce qu'il y a de beau dans sa vie; que la politesse de la cour de Louis XIV est un être de raison; que Louis XIV avait peu de religion; que le roi n'employait le maréchal de Villars que par faiblesse; qu'il faut que les écrivains sévissent contre Chamillard et les autres ministres; que le comte de Plelo n'avait rien de mieux à faire que de mourir, parce qu'il avait un million de dettes.

1. Voyez tome XV, pages 87, !)!); XXIV, 49; XXV, 58i; et dans le présent vo- lume, page 133.

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