Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome26.djvu/357

Cette page n’a pas encore été corrigée

DE L'ANCIEN TESTAMENT. 347

examiner dans quel pays ils sont nés, dans quelles pratiques ils ont été nourris, suivent entre eux les règles inviolables de l'équité, de la fidélité, de la confiance réciproque ! Ils sont par ces prin- cipes les liens de toutes les nations ; mais ceux qui ne connais- sent que leurs opinions, et qui condamnent toutes les autres; ceux qui croient que la lumière ne luit que pour eux, et que les autres hommes marchent dans les ténèbres ; ceux qui se feraient un scrupule de communiquer avec les religions étrangères, ceux-là ne méritent-ils pas le titre d'ennemis du genre humain i?

Je ne dissimulerai point que les plus savants hommes assu- rent que le Pentateuque n'est point de Moïse. Newton, le grand Newton, qui seul a découvert le premier principe de la nature, qui seul a connu la lumière, cet étonnant génie qui avait tant approfondi l'Histoire ancienne % attribue le Pcn^oiewr/we à Samuel. D'autres savants respectables croient qu'il fut fait du temps d'O- sias par le scribe Saplian ; d'autres enfin prétendent qu'Esdras en fut l'auteur, au retour de la captivité. Tous s'accordent avec quelques Juifs modernes à ne point croire que cet ouvrage soit de Moïse. Cette grande objection n'est pas si terrible qu'elle le paraît. Nous révérons certainement le Décalogue, par quelque main qu'il ait été écrit. Nous sommes en dispute sur la date de plusieurs lois que les uns attribuent à Edouard III, les autres à Edouard II ; mais nous n'en adoptons pas moins ces lois, parce que nous les trouvons justes et utiles. Si même, dans le préam- bule, il y a des faits qu'on révoque en doute ; si nos compa- triotes rejettent ces faits, ils ne rejettent point la loi qui sub- siste.

Distinguons toujours l'histoire du dogme, et le dogme de la morale, de cette morale éternelle que tous les législateurs ont enseignée, et que tous les peuples ont reçue.

morale sainte! ù mon Dieu qui en êtes le créateur! je ne vous enfermerai point dans les limites d'une province ; vous régnez sur tous les êtres pensants et sensibles. Vous êtes le Dieu de Jacob ; mais vous êtes le Dieu de l'univers.

Je ne puis finir ce discours, mes chers frères, sans vous parler des prophètes. C'est un des grands objets sur lesquels nos enne-

1. Dans l'édition originale on lisait ces mots qui terminaient cette homélie: « Je finirai tous mes discours par vous' faire souvenir que tous les hommes sont frères. »

Le texte actuel est de 1768; voyez la note 2 de la page 340.

2. La Chronologie des anciens royaumes, etc., par jNewion, a clé traduite en français par Granet, 172S, in-4".

�� �