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HOMÉLIES

PRONONCÉES À LONDRES EN 1765

DANS UNE ASSEMBLÉE PARTICULIÈRE^^1.

PREMIÈRE HOMÉLIE.

SUR L’ATHÉISME[1].
Mes Frères,

Puissent mes paroles passer de mon cœur dans le vôtre ! Puissé-je écarter les vaines déclamations, et n’être point un comédien en chaire qui cherche à faire applaudir sa voix, ses gestes et sa fausse éloquence ! Je n’ai pas l’insolence de vous instruire ; j’examine avec vous la vérité. Ce n’est ni l’espérance des richesses et des honneurs, ni l’attrait de la considération, ni la passion effrénée de dominer sur les esprits qui anime ma faible voix. Choisi par vous pour m’éclairer avec vous, et non pour parler en maître, voyons ensemble, dans la sincérité de nos cœurs, ce que la raison, de concert avec l’intérêt du genre humain, nous ordonne de croire et de pratiquer. Nous devons commencer par l’existence d’un Dieu. Ce sujet a été traité chez toutes les nations ; il est épuisé : c’est par cette raison-là même que je vous en parle, car vous préviendrez tout ce que je vous dirai ; nous nous affermirons ensemble dans la connaissance de notre premier devoir ; nous sommes ici des enfants assemblés pour nous entretenir de notre père.

  1. Ces quatre homélies, qu’on donne comme prononcées en 1705, ne parurent que deux ans après. Les Mémoires secrets en parlent comme d’une nouveauté, sous la date du 10 mai 1767. L’édition originale, petit in-8o de 78 pages, porte le millésime M DCC LXVII. Une cinquième homélie fut publiée en 1769, et se trouvera à cette date.