troubles violents, et qu’enfin ils s’attirassent une persécution. Le fameux jurisconsulte Ulpien avait regardé la secte comme une faction très-dangereuse, et qui pouvait un jour servir à la ruine de l’État ; en quoi il ne se trompa point.
Après les merveilles orientales de l’Ancien Testament ; après que, dans le Nouveau, Dieu, emporté sur une montagne par le diable[1], en est descendu pour changer des cruches d’eau en cruches de vin[2] ; qu’il a séché un figuier[3], parce que ce figuier n’avait pas de figues sur la fin de l’hiver ; qu’il a envoyé des diables[4] dans le corps de deux mille cochons ; après, dis-je, qu’on a vu toutes ces belles choses, il n’est pas étonnant qu’elles aient été imitées.
Pierre Simon Barjone a très-bien fait de ressusciter la couturière Dorcas : c’est bien le moins qu’on puisse faire pour une fille qui raccommodait gratis les tuniques des fidèles. Mais je ne passe point à Simon Pierre Barjone d’avoir fait mourir de mort subite Ananie et sa femme Saphire[5], deux bonnes créatures, qu’on suppose avoir été assez sottes pour donner tous leurs biens aux apôtres. Leur crime était d’avoir retenu de quoi subvenir à leurs besoins pressants.
Ô Pierre ! ô apôtres désintéressés ! quoi ! déjà vous persuadez à vos dirigés de vous donner leur bien ! De quel droit ravissez-vous ainsi toute la fortune d’une famille ? Voilà donc le premier exemple de la rapine de votre secte, et de la rapine la plus punissable ? Venez à Londres faire le même manége, et vous verrez si les héritiers de Saphire et d’Ananie ne vous feront pas rendre gorge, et si le grand juré vous laissera impunis. — Mais ils ont donné leur argent de bon gré ! — Mais vous les avez séduits pour les dépouiller de leur bon gré. — Ils ont retenu quelque chose pour eux ! — Lâches ravisseurs, vous osez leur faire un crime d’avoir gardé de quoi ne pas mourir de faim ! Ils ont menti, dites-vous.