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DES MŒURS DES JUIFS.


Ni l’histoire des Juges, ni celle des Rois, ni aucun prophète, ne cite un seul passage de la Genèse. Nul n’a parlé ni de la côte d’Adam, tirée de sa poitrine pour en pétrir une femme, ni de l’arbre de la science du bien et du mal, ni du serpent qui séduisit Ève, ni du péché originel, ni enfin d’aucune de ces imaginations. Encore une fois, est-ce à nous de les croire ?

Leurs rapsodies démontrent qu’ils ont pillé toutes leurs idées chez les Phéniciens, les Chaldéens, les Égyptiens, comme ils ont pillé leurs biens quand ils l’ont pu. Le nom même d’Israël, ils l’ont pris chez les Chaldéens, comme Philon l’avoue dans la première page du récit de sa députation auprès de Caligula[1] ; et nous serions assez imbéciles dans notre Occident pour penser que tout ce que ces barbares d’Orient avaient volé leur appartenait en propre !


CHAPITRE VII.
DES MŒURS DES JUIFS.

Si nous passons des fables des Juifs aux mœurs de ce peuple, ne sont-elles pas aussi abominables que leurs contes sont absurdes ? C’est, de leur aveu, un peuple de brigands qui emportent dans un désert tout ce qu’ils ont volé aux Égyptiens. Leur chef Josué passe le Jourdain par un miracle semblable au miracle de la mer Rouge ; pourquoi ? pour aller mettre à feu et à sang une ville qu’il ne connaissait pas, une ville dont son Dieu fait tomber les murs au son du cornet.

Les fables des Grecs étaient plus humaines. Amphion bâtissait des villes au son de la flûte, Josué les détruit ; il livre au fer et aux flammes vieillards, femmes, enfants et bestiaux : y a-t-il une horreur plus insensée ? Il ne pardonne qu’à une prostituée qui avait trahi sa patrie ; quel besoin avait-il de la perfidie de cette malheureuse, puisque son cornet faisait tomber les murs, comme celui d’Astolphe faisait fuir tout le monde ? Et remarquons en passant que cette femme, nommée Rahab la paillarde, est une des aïeules de ce Juif dont nous avons fait depuis un dieu, lequel dieu compte encore parmi celles dont il est né l’incestueuse Thamar, l’impudente Ruth, et l’adultère Bethsabée.

On nous conte ensuite que ce même Josué[2] fit pendre trente

  1. Voici les paroles de Philon : « Les Chaldéens donnent aux justes le nom d’Israël, voyant Dieu. » (Note de Voltaire, 1771.)
  2. XII, 24.