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LES HONNÊTETÉS

LITTÉRAIRES[1]

(1767)

On a déjà dit[2] qu’il est ridicule de défendre sa prose et ses vers, quand ce ne sont que des vers et de la prose ; en fait d’ouvrages de goût, il faut faire, et ensuite se taire.

Térence se plaint, dans ses prologues[3], d’un vieux poëte qui suscitait des cabales contre lui, qui tâchait d’empêcher qu’on ne jouât ses pièces, ou de les faire siffler quand on les jouait. Térence avait tort, ou je me trompe. Il devait, comme l’a dit César[4], joindre plus de chaleur et plus de comique au naturel charmant

  1. Les Honnêtetés littéraires sont du mois d’avril 1767, car il en est fait mention dans la lettre de d’Alembert, du 4 mai.

    Les Honnêtetés littéraires sont au nombre de vingt-six, et sont suivies d’une Lettre à l’auteur ; le tout est de Voltaire.

    Dans les éditions de Kehl et dans toutes les réimpressions faites jusqu’à ce jour, on trouve une vingt-septième honnêteté : ce n’est autre chose que le seizième des Fragments sur l’Histoire générale, publiés, en 1773, à la suite de la seconde partie des Fragments sur l’Inde, et que je reporte à sa place.

    Agir autrement serait commettre un anachronisme, car le morceau que je transpose est sur les Trois Siècles de Sabatier de Castres, ouvrage qui ne vit le jour qu’en 1772. (B.)

  2. Dans le Discours préliminaire, en tête d’Alzire, tome II du Théâtre ; et dans l’Appel au public ; voyez tome XXV, page 585.
  3. Andrienne, prolog., 6-7.
  4. Tu quoque in summis, o dimidiato Menander,
    Poneris, et morito, puri sermonis amator,
    Lenibus atque utinam scriptis adjuncta foret vis
    Comica, ut æquato virtus polleret honore
    Cum Græcis, neque in hac despectus parte jaceres ?
    Unum hoc maceror et doleo tibi deesse, Teren


    Ces vers sont attribués à César, dans une Vie de Térence qu’on attribue à Donat ou à Suétone. (B.)