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SI L’INTOLÉRANCE A ÉTÉ ENSEIGNÉE PAR J.-C.

tare. Ils ne faisaient point de sacrifices ; ils s’assemblaient entre eux dans une synagogue particulière. En un mot, si l’on veut examiner de près le judaïsme, on sera étonné de trouver la plus grande tolérance au milieu des horreurs les plus barbares. C’est une contradiction, il est vrai ; presque tous les peuples se sont gouvernés par des contradictions. Heureuse celle qui amène des mœurs douces quand on a des lois de sang !


CHAPITRE XIV.


SI L’INTOLÉRANCE A ÉTÉ ENSEIGNÉE PAR JÉSUS-CHRIST.


Voyons maintenant si Jésus-Christ a établi des lois sanguinaires, s’il a ordonné l’intolérance, s’il fit bâtir les cachots de l’Inquisition, s’il institua les bourreaux des auto-da-fé.

Il n’y a, si je ne me trompe, que peu de passages dans les Évangiles dont l’esprit persécuteur ait pu inférer que l’intolérance, la contrainte, sont légitimes. L’un est la parabole dans laquelle le royaume des cieux est comparé à un roi qui invite des convives aux noces de son fils ; ce monarque leur fait dire par ses serviteurs[1] : « J’ai tué mes bœufs et mes volailles ; tout est prêt, venez aux noces. » Les uns, sans se soucier de l’invitation, vont à leurs maisons de campagne, les autres à leur négoce ; d’autres outragent les domestiques du roi, et les tuent. Le roi fait marcher ses armées contre ces meurtriers, et détruit leur ville ; il envoie sur les grands chemins convier au festin tous ceux qu’on trouve : un d’eux s’étant mis à table sans avoir mis la robe nuptiale est chargé de fers, et jeté dans les ténèbres extérieures.

    le poids des eaux, lesquelles s’échappaient par quelques ouvertures. Le palais des dieux, chez les anciens Grecs, était sur le mont Olympe. La demeure des héros après la mort était, du temps d’Homère, dans une île au delà de l’Océan, et c’était l’opinion des esséniens.

    Depuis Homère, on assigna des planètes aux dieux, mais il n’y avait pas plus de raison aux hommes de placer un dieu dans la lune qu’aux habitants de la lune de mettre un dieu dans la planète de la terre. Junon et Iris n’eurent d’autres palais que les nuées ; il n’y avait pas là où reposer son pied. Chez les Sabéens, chaque dieu eut son étoile ; mais une étoile étant un soleil, il n’y a pas moyen d’habiter là, à moins d’être de la nature du feu. C’est donc une question fort inutile de demander ce que les anciens pensaient du ciel : la meilleure réponse est qu’ils ne pensaient pas. (Note de Voltaire.)

  1. Saint Matthieu, chap. xxii, v. 4. (Id.)