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LE PRÉSIDENT DE THOU[1]
JUSTIFIÉ CONTRE LES ACCUSATIONS DE M. DE BURY
AUTEUR D’UNE VIE DE HENRI IV.

Tout homme de lettres, tout bon Français, doit être étonné et affligé de voir notre illustre président de Thou indignement traité dans la préface que M. de Bury a mise au devant de son Histoire de la vie de Henri IV. Voici comme il s’exprime sur un des plus grands hommes que nous ayons jamais eus dans la magistrature et dans les lettres :

« L’histoire, dit-il[2], ne doit point être un recueil de bons mots et d’épigrammes, encore moins de satires et de médisances, auxquels se livrent les historiens qui veulent donner de l’esprit, et le font souvent aux dépens de la vérité. Nous avons beaucoup d’écrivains qui ont acquis leur principale réputation par le mal qu’ils ont affecté de dire des princes et des particuliers : tels sont entre autres de Thou et Mézerai, écrivains recherchés par les

  1. On pourrait croire, d’après la lettre à Damilaville, du 23 mai 1766, que cet opuscule a été imprimé sous le nom de Boursier. L’édition originale que j’ai sous les yeux, in-8o, sans date, de 38 pages, est sans nom d’auteur. Voltaire ne faisait pas toujours imprimer ses ouvrages sous les noms des personnes qu’il nommait comme auteurs dans ses lettres. L’Histoire de la vie de Henri IV, par M. de Bury, parut en 1766, quatre volumes in-12. On trouve dans l’Année littéraire, 1766, III, 244-276, une Lettre signée Lefebvre, prêtre de la doctrine chrétienne, dans laquelle est prise aussi la défense du président de Thou. Wagnière, dans l’Examen des mémoires secrets de Bachaumont (faisant partie des Mémoires sur Voltaire, publiés en 1826), attribue, tome I, page 249, cette Lettre à Voltaire. Le témoignage de Wagnière, alors depuis douze ans secrétaire de Voltaire, est certainement d’un grand poids. Mais feu Decroix craignait qu’il n’y eût erreur de la part de Wagnière. Je ne puis, dans une note, discuter le pour et le contre ; et je me borne à rappeler ce que Voltaire lui-même a dit ci-dessus (page 284) « qu’un juge équitable n’adjugera jamais à personne un bien contesté que sur des preuves évidentes ». Ce n’est pas la première fois que je prends ce parti. (B.)
  2. Pages 14 et 15 de la Préface.