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SUR LES MŒURS. 567

même auteur de VEssai sur les Momrs, dans son sixième volume de VHistoire de France, p. 73, fortifie ensuite lui-même l'assertion de cet auteur par ces mots, p, 252 : « Les autres s'en prenaient au roi de Sicile, qu'ils accusaient hautement d'avoir cherché à le faire périr (saint Louis) dans une terre étrangère; » et par ceux- ci, p. 266 : « Il espérait que le roi de Tunis payerait le tribut ordi- naire... La multitude accusa hautement le prince sicilien d'avoir sacrifié l'honneur de la religion à son intérêt particulier. »

Velly relève aussi l'auteur de VEssai sur les Mœurs, p. 361 et 362, sur la raison que celui-ci donne des vêpres siciliennes. Cepen- dant M. Velly rapporte lui-même le texte de Malespina, qui dit : « Uno Francese per suo rigoglio prese una femina... per far le villania. » Je ne crois pas que ces mots « perfarlevillania » signi- fient « pour fouiller si elle n'avait pas de poignard caché ». D'ail- leurs on ne dit point que l'on chercha à fouiller les autres feumies, ni les hommes qui allaient aussi à vêpres.

XIII. — DE PIERRE DE CASTILLE, DIT LE CRUEL.

Pierre le Cruel se vengeait avec barbarie, j'en tombe d'accord: mais je le vois trahi, persécuté par ses frères bâtards, par sa femme même; soutenu à la vérité par le prince \oir, le premier homme de son temps, mais ayant nécessairement la France contre lui, puisqu'il était protégé par les Anglais; opprimé enfin par un ramas de brigands, et assassiné par son frère bâtard, car il fut tué étant désarmé : et ce Henri de Transtamare, assassin et usurpateur, a été respecté par les historiens parce qu'il a été heureux,

A la bonne heure que ce Pierre ait emporté au tombeau le nom de CrueP; mais quel titre donnerons-nous au tyran qui fit périr Conradin et le duc d'Autriche sur l'échafaud ? Et comment nommer tant d'horribles attentats qui ont eflrayé l'Europe ?

XIV. — DE CHARLES DE NAVARRE, DIT LE MAUVAIS.

On convient que Charles le Mauvais, roi de Navarre, comte d'Évreux, était très-mauvais ; que don Pèdre, roi de Castille, sur- nommé le Cruel, méritait ce titre ; mais voyons si dans ces temps de la belle chevalerie, il y avait chez les princes tant de douceur et de générosité. Le roi de France Jean , surnommé le Bon ,

I. Voltaire ne partageait pas Topinion commune sur Pierre le Cruel. (B.)

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