Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome24.djvu/572

Cette page n’a pas encore été corrigée

562 REMARQUES DE L'ESSAI

cestiieux fils dans la Romagne, dans Imola, Forli, Faenza, Rimini, Césène, Fano, Rertinoro, Urbino, Camerino, et surtout dans Rome. Quel était le titre de cet homme? celui de serviteur des serviteurs de Dieu. Et quelle serait aujourd'hui dans Rome la préro- gative de celui qui est intitulé roi des Romains? il aurait l'hon- neur de tenir l'étrier du pape, et de servir de diacre à la grand'- messe.

1 XI. — DES MOINES.

L'opinion, plus que toute autre chose, a fait les moines, et c'était une opinion bien étrange que celle qui dépeupla l'Egypte pour peupler quelque temps des déserts.

On a parlé des moines dans VEssai sur les Mrrurs^, quoique cette partie du genre humain ait été omise dans toutes les histoires qu'on appelle jjrofanes. Après tout, ils sont hommes, et même dans ce corps si étranger au monde, il s'est trouvé de grands hommes. L'auteur a été beaucoup plus modéré envers eux que le célèbre évêque du Reliai, et que tous les auteurs qui ne sont pas du rite romain. Il a parlé des jésuites avec impartia- lité, car c'est ainsi qu'un historien doit parler de tout.

Le bien public doit être préféré à toute société particulière, et l'État aux moines, ou le sait assez. La société humaine s'est aper- çue depuis longtemps combien ces familles éternelles, qui se perpétuent aux dépens de toutes les autres, nuisent à la popu- lation, à l'agriculture, aux arts nécessaires ; combien elles sont dangereuses dans des temps de trouble. Il est certain qu'il est en Europe des provinces qui regorgent de moines et qui manquent d'agriculteurs.

Un auteur de paradoxes* a prétendu que les moines sont utiles, en ce que leurs terres, dit-il, sont toujours mieux culti- vées que celles de la pauvre noblesse ; mais c'est précisément par cette raison que les moines font tort à l'État. Leurs maisons sont bâties des débris des masures de la noblesse ruinée. Il est dé- montré que cent gentilshommes, ayant chacun une terre de deux

��1. Dans la première édition de ces Remarques, en 17G3, la xi" était intitulée Du Sadder; ce qui la composait a été transporté par Voltaire dans le chapitre V de YEssni sur les Mœurs, ainsi que Beuchot l'a remarqué page 5i3. Par cette disposiiion, la xn" remarque de 1703 est devenue la xi'"; et ainsi des suivantes.

2. Tome XI, 284; Xll, 85,283 et suiv., 33i-3iG; voyez aussi, tome XV, p. 1, le chapitre XXXV du Siècle de Louis XIV, alors Suite de VEssai sur les Mœurs; et encore, tome XXI, page iliO, le chapitre viii do V Homme aux quarante écus.

3. Le marquis de Mirabeau, dans son Atni des hommes, partie 1'", chap. ii.

�� �