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ÉCLAIRCISSEMENTS HISTORIQUES. ol9

C'est une chose merveilleuse que l'audace avec laquelle ces messieurs imaginent des absurdités pour dire des sottises.

Il y a dans le texte, Essai sur les Mœurs, tome III, page 1 19, en parlant de Michel Servet : « Il adoptait en partie les anciens dogmes soutenus par Sabellius, par Eusèbo, par Arius, qui dominèrent dans l'Orient, et qui furent embrassés au xvi<= siècle par Lelio Socini^.»

Et dans la page suivante, après avoir rapporté le supplice que Calvin fit souffrir à Servet : « Ce qui augmente encore l'indignation et la pitié, c'est que Servet, dans ses ouvrages publiés, reconnaît nettement la divinité éter- nelle de Jésus-Christ-. »

Si M. de Voltaire n'avait pas eu l'attention d'ajouter que c'était « dans ses ouvrages publiés que Servet reconnaissait la divinité de Jésus-Christ », on pourrait pardonner à l'auteur d'avoir voulu mettre ces deux passages en contradiction ; mais, après de telles infidélités, on ne peut que le livrer au mépris qu'il a mérité.

DE CROMWELL.

QLATniÈME FAUSSETÉ DU LIBELLISTE.

Je voudrais bien qu'il nous dise dans quel endroit du premier volume des Mélanges de littérature, etc., qu'il a l'audace de citer, il a pris que Crom- well, selon M. de Voltaire, « depuis qu'il eut usurpé l'autorité royale, ne couchait pas deux nuits dans une même chambre, parce qu'il craignait tou- jours d'être assassiné; qu'il mourut, avant le temps, d'une fièvre causée par ses inquiétudes ».

Quoi qu'il en soit, on peut se précautionner contre les assassinats, et mou- rir avec fermeté. Plût à Dieu, Nonotte, que le brave Henri IV se fût précau- tionné !

Lorsque Cromwell fut parvenu à la souveraine puissance, il eut avec elle tous les soucis et tous les embarras dont elle est inséparable : il eut de plus le trouble que donnent l'usurpation, la crainte de perdre une autorité illégi- time^ et les soins de la conserver. C'est ce qui a fait dire à M. de Voltaire édxis SQS Mélanges^ :

« Il vécut pauvre et inquiet jusqu'à quarante-trois ans ; il se baigna depuis dans le sang, passa sa vie dans le trouble, et mourut avant le temps. »

Cet usurpateur, digne en effet de régner par son génie et par ses talents, chercha, pour conserver son autorité, à la faire aimer des Anglais; il ne res- pecta point les lois, mais il les fit respecter : c'est ce qu'on trouve dans le passage suivant de la page 297 à.\x Siècle de Louis XIV, tome P':

« Il affermit son pouvoir en sachant le réprimer à propos ; il n'entreprit point sur les privilèges dont les peuples étaient jaloux. »

1. Voj'ez tome XII, page 306.

2. Ihid., page 308.

3. Le morceau sur Cromwell, qui faisait autrefois partie de« Mélanges, fait, depuis l'édition de Kehl, partie du Dictionmire philosophique. Voyez tome XVIII, page 294.

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