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ÉCLAIRCISSEMENTS IIISTORIOUES. 513

��XXXIV- SOTTISE DE NONOTTE i.

SLR LES CONFESSIONS A UR IC L L A IR ES.

En vérité, vous n'entendez pas mieux la théologie que l'histoire de la marine. L'auteur de VEssai sur les Mœurs a dit que, selon saint Thomas d'Aquin, il était permis aux séculiers de confesser dans les cas urgents, que ce n'est pas tout à fait un sacrement ^, mais que c'est comme un sacrement. Il a cité l'édition ot la page de la Somme de saint Thomas ; et là-dessus vous dites que tous les critiques conviennent que cette partie de la Somme de saint Thomas n'est pas de lui, et moi je vous dis qu'aucun vrai critique n'a pu vous fournir cotte défaite. Je vous défie de montrer une seule Somme de Thomas d'Aquin où ce monument ne se trouve pas\ La Somme était en telle vénération qu'on n'eût pas osé y coudre l'ouvrage d'un autre. Elle fut un des premiers livres qui sortirent des presses de Rome dès l'an 1474 ; elle fut imprimée à Venise en 1484. Ce n'est que dans des éditions de Lyon qu'on commença à douter que la troisième partie de la Somme fût de lui ; mais il est aisé de reconnaître sa méthode et son style, qui sont absolument les mêmes.

Au reste, Thomas ne fit que recueillir les opinions de son temps, et nous avons bien d'autres preuves que les laïques avaient le droit de s'entendre en confession les uns les autres : témoin le fameux passage de Joinville, dans lequel il rapporte qu'il confessa le connétable de Chypre. Ln jésuite du moins devrait savoir que le jésuite Tolet a dit, dans son livre de V Instruction sacerdotale livre I, chapitre xvi : « Ni femme ni laïque ne peut absoudre sans privilège. Nec femina nec laïcus absolvere possunt sine privi- legio. » Le pape peut donc permettre aux filles de confesser les hommes.

Il faut instruire ici \onotte de cette ancienne coutume de se confesser mutuellement. Il sera bien étonné quand il apprendra qu'elle vient de la Syrie ; il saura que les Juifs mêmes se confes-

��1. Cet article a été ajouté en 1769.

2. Voyez tome XI, page 286.

3. Il est à croire que Voltaire n'avait vu que des éditions qui contiennent le passage sur lequel il s'appuie; mais il existe un très-grand nombre d'éditions (et entre autres celles de i-474 et 1484 dont parle Voltaire) dans lesquelles on ne trouve ni la troisième partie, ni le supplément à la troisième partie, qu'on croit rédigé par Pierre d'Auvergne, toutefois sur les notes de saint Thomas d'A- quin. (B.)

24. — MÉLANGES. III. 33

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