Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome24.djvu/500

Cette page n’a pas encore été corrigée

Xe SOTTISE DE NONOTTE.

SUR CHOSES PLUS SERIEUSES.

Non, ex-jésuite Nonotte, non, la persécution n’était pas dans le génie des Romains. Toutes les religions étaient tolérées à Rome, quoique le sénat n’adoptât pas tous les dieux étrangers. Les juifs avaient des synagogues h Rome. Les superstitieux Égyptiens, nation presque aussi méprisable que la juive, y avaient élevé un temple qui n’aurait pas été démoli sans l’aventure de Mundus et de Pauline. Les Romains, ce peuple-roi, n’agitèrent jamais la controverse ; ils ne songeaient qu’à vaincre et à policer les nations. Il est inouï qu’ils aient jamais puni personne seulement pour la religion. Ils étaient justes. J’en prends à témoin les Actes des Apôtres^ : lorsque saint Paul, suivant le conseil de saint Jacques, alla se purifier pendant sept jours de suite dans le temple de Jérusalem, pour persuader aux Juifs qu’il gardait la loi de Moïse, les Juifs demandèrent sa mort au proconsul Festus; ce Festus leur répondit : « Ce n’est point la coutume des Romains de condamner un homme avant que l’accusé ait son accusateur devant lui, et qu’on lui ait donné la liberté de se justifier. »

Ce fut par le fanatisme d’un saducéen, et non d’un Romain, que saint Jacques, frère de Jésus, fut lapidé. Il est donc très-vraisemblable que la haine implacable qu’on porte toujours à ses frères séparés de communion fut la cause du martyre des premiers chrétiens. J’en parlerai ailleurs- ; mais à présent, ô libelliste ! je ne vous en dirai mot. Je vous avertis seulement d’étudier fhistoire en philosophe, si vous pouvez.

XIe SOTTISE DE NONOTTE.

SUR LA MESSE.

Notre Nonotte assure que la messe était, du temps de Charlemagne, ce qu’elle est aujourd’hui. Il veut nous tromper ; il n’y avait point de messe basse, et c’est de quoi il est question. La messe fut d’abord la cène. Les fidèles s’assemblaient au troisième étage, comme on le voit par plusieurs passages, surtout au chapitre XX, verset 9, des Actes des apôtres. Ils rompaient le pain

i. Chapitre xxv, verset 46.

2. Dans le chapitre viii du Traité sur la Tolérauce.