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480 CONCLUSION ET EXAMEN

Mazariii au sujet de l'assassinat de Monaldeschi : elle s'exprime

ainsi : « Apprenez tous valets et maîtres qu'il m'a plu d'agir

ainsi Je veux que vous sachiez que Christine se soucie peu

de votre cour, et encore moins de vous Ma volonté est une loi

que vous devez respecter : vous taire est votre devoir. Sachez.,., que Christine est reine partout où elle est. »

Cette lettre n'est point datée. Si Christine l'écrivit, c'était une homicide tombée en démence. Elle avait beaucoup d'esprit ; elle avait eu la gloire de mépriser un trône ; mais elle souilla cette gloire par sa conduite. Si cette lettre est supposée, elle ne peut l'être que par un de ces esclaves abrutis qui ont imaginé qu'une Suédoise, parce qu'elle avait régné à Stockholm, avait le droit de faire assassiner un Italien à Fontainebleau. Non-seulement le devoir du cardinal Mazarin, premier ministre, n'était pas de se taire, mais il était de faire sentir l'indignation du roi à Christine. Le devoir du procureur général était de faire informer contre les assassins à gages qui avaient tué un étranger dans une maison royale, et il fallait peut-être ne renvoyer Christine qu'après l'avoir forcée au moins d'assister au supplice des meurtriers payés par elle. Plusieurs hommes justes auraient été d'un avis plus ri- goureux.

IX. — DU CLERGÉ.

L'auteur de V Essai sur les Mœurs, etc., n'a pu avoir ni prédi- lection, ni haine, ni intérêt : ce n'est point assurément par un esprit de flatterie qu'il a réfuté, dans le Siècle de Louis XIV \ l'er- reur qui publiait que le clergé de France possédait la troisième partie des revenus de la nation. Que pourrait attendre un sécu- lier solitaire de la faveur du clergé ? Il a rendu seulement gloire à la vérité qu'il aime. Le clergé n'a pas quatre-vingts millions de revenu, et il a rempli sou devoir en secourant l'État à proportion de ses richesses. Les évêques de France ont été pour la plupart respectables par leur conduite, et leurs aumônes ont dû les ren- dre chers à leurs peuples. En général, le corps des évêques et des curés a fait autant de bien en Angleterre et en France que les querelles de religion avaient autrefois causé de maux.

1. Chapitre xxxv, voyez tome XV, page 2. Dans l'édition de 1761-1763, le Siècle de Louis XIV était imprimé comme faisant partie de VEssai sur les Mœurs. (B.)

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