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LETTRE

DE M. DE L’ÉCLUSE

chirurgien dentiste
seigneur du tilloy, près montargis

À M. SON CURÉ[1].



Monsieur mon curé,

Vous savez que j’ai recrépi à mes dépens l’église du Tilloy, et que j’ai raccommodé les deux tiers de la tribune, qui était pourrie : à peine m’en avez-vous remercié ; je ne m’en suis pas seulement remercié moi-même ; cela n’a fait aucun bruit, tandis que M. Lefranc de Pompignan de Montauban jouit d’une gloire immortelle.

Vous me direz que cette gloire, il se l’est donnée à lui-même ; qu’il a tout arrangé, tout fait, jusqu’au sermon qu’on a prononcé à son honneur dans l’église de son village ; qu’il a fait imprimer ce sermon et la relation de cette belle fête, à Paris, chez Barbou, rue Saint-Jacques, aux Grues[2] ; que quand on veut passer à la

  1. L’Écluse, d’abord acteur de la Foire, puis chirurgien-dentiste, était venu exercer, pendant quelque temps, cette dernière profession à Genève, en 1760. Il fut mandé à Ferney pour faire des dents à Mme Denis. Fréron annonça que c’était pour présider à l’éducation de Mlle Corneille. L’Écluse se mit, en 1777, entrepreneur de spectacles, et fut bientôt réduit à être acteur ; il mourut fort âgé, et dans le besoin, vers 1792. La Lettre que Voltaire publia sous son nom doit être de la fin de février 1763 ; c’est probablement cette pièce que Voltaire désigne sous le titre de la Jolie Préface imprimée à Genève aux dépens des chirurgiens-dentistes, dans sa lettre à Damilaville, du 15 mars 1763 ; dans un cahier de 12 pages in-8o elle précède l’Hymne chantée au village de Pompignan et la Relationdu voyage qui suit. (B.)
  2. Discours prononcé (le 24 octobre 1762) dans l’église de Pompignan, le jour de sa bénédiction, par M. de Reyrac ; À Villefranche de Rouergue, chez Pierre