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4C8 DÉCLARATION JURIDIQUE

Il est à croire que les juges ont fait plusieurs fois en secret ces réflexions. Qu'il serait beau de s'y livrer ! et qu'ils sont à plaindre si une fausse honte les a étouffées dans leur cœur * !

��DÉCLARATION JURIDIQUE

DE LA SEnVANTE DE MADAME CALAS, AU SIJET DE LA NOUVELLE CALOMNIE Qlil PERSÉCUTE ENCORE CETTE VERTIEUSE FAMILLE -.

L'an 1767, le dimanche 29 mars, trois heures de relevée, nous Jean-François Hugues, conseiller du roi, commissaire enquêteur, examinateur au Châtelet de Paris, sur la réquisition qui nous a été faite de la part de Jeanne Viguière, ci-devant domestique des sieur et dame Calas, de nous transporter au lieu de son domicile pour y recevoir sa déclaration sur certains faits, nous nous sommes en effet transporté, rue Neuve et paroisse Saint-Eustache, en une maison appartenante à M. Langlois, conseiller au grand conseil, dont le troisième étage est occupé par la dame veuve du sieur Jean Calas, marchand à Toulouse; et étant monté chez ladite dame Calas, elle nous a fait conduire dans une chambre

��1. A la fin de l'édition originale, en vingt et nne pages, on lit en note: u Cet écrit est d'un témoin oculaire qui n'a aucune correspondance avec les Calas, mais qui est ennemi du fanatisme et ami de l'équité. » La Déclaration juridique qui suit a été ajoutée dans les éditions de Kehl. (B.)

2. En 1707, la servante catholique de l'infortuné Calas s'étant cassé la jambe, les zélés imaginèrent de répandre le bruit qu'elle était morte des suites de sa chute, et qu'elle avait déclaré en mourant que son maître était coupable du meurtre de son fils. Ce bruit fut adopté avidement par les pénitents et le reste de la populace de Toulouse. Fréron, dont la plume était vendue à toutes les calom- nies que l'esprit de fanatisme avait intérêt d'accréditer, inséra cette nouvelle dans ses feuilles périodiques. Il importait de la détruire, non-seulement pour l'honneur de la famille des Calas, mais pour sauver celle de Sirven, qui deman- dait alors justice contre un jugement également ridicule et initiuc, (juo le fana- tisme avait inspiré à un juge imbécile.

Cette anecdote est une preuve de ce que le faux zèle ose se permettre, de la bassesse avec laquelle les insectes de la littérature se prêtent à ces infâmes manœuvres, de ce qu'enfin on aurait à craindre, même dans notre siècle, si le zèle éclairé qui anime les amis de l'humanité pouvait cesser un moment d'avoir les yeux ouverts sur les crimes du fanatisme et les manœuvres de l'hj-pocrisic.

Nous avons cru devoir joindre ici cette déclaration aux autres pièces relatives à rafl"aire des Calas : elle est également nécessaire, et pour compléter cette funeste histoire, et pour montrer que c'(!st moins à l'erreur personnelle des juges qu'à l'atrocité de l'esprit persécuteur qu'il faut attribuer le meurtre de ce père infor- tuné. (K.) — Cette Déclaration n'existe dans aucune édition des OEiivres de Vol. taire, donnée du vivant de l'auteur. Elle a été, comme je l'ai dit dans la note précédente, ajoutée par les éditeurs de Kehl. ( B.)

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