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DE M. DE CRÉBILLOX. 351

��Est-ce ainsi que des dieux la suprême sagesse

Doit braver des mortels la crédule faiblesse ! ( III, v.)

J'ai fait peu pour Égisthe, et de quelque succès

Sa bonté chaque jour s'acquitte avec excès. (III, iv.)

Ne m'arrêtez donc plus sur l'espoir des bienfaits. (Ibid.)

Connaissez-vous enfin ce guerrier redoutable

Pour le tyran d'Argos, rempart impénélrable? (III. v.)

Dans le sein d'un barbare éteindre mes transports. [Ibid.)

Quand on Toit, dis-je, tant de vers, ou durs, ou dénués de sens, ou languissants par des épithètes inutiles, ou défigurés par des termes impropres, on prononce avec Boileau^ :

Sans la langue, en un mot, l'auteur le plus divin Est toujours, quoi qu'il fasse, un méchant écrivain.

Que doit-on donc prononcer quand une versification si vi- cieuse dans tous les points n'a guère d'autre mérite que de sou- tenir, par quelques descriptions ampoulées, un drame plus vicieux encore par la conduite ?

Malgré ces défauts, dont il faut convenir, il y avait assez de beautés pour faire réussir la pièce. Les rôles d'Electre et de Pala- mède ont des tirades très-imposantes, La reconnaissance d'ÉIectre et d'Oreste faisait un grand efifet, et si le style en général n'était pas châtié, il y avait des vers d'un grand tragique, qui méritaient des applaudissements.

DIGRESSION SUR CE QUI SE PASSA ENTRE LES REPRÉSENTATIONS O-ÉLECTRE ET DE RHADAMISTE.

Tandis qu'après le succès à:Atrk et à' Electre il semblait que M. de Crébillon pût prétendre à l'Académie française, il en fut exclu par les deux brigues de Lamotte et de Rousseau, Il fit contre Lamotte et contre les amis de cet auteur, qui s'assem- blaient souvent au café de la veuve Laurent, une satire dans laquelle chacun d'eux était désigné sous le nom de quelque animal. Lamotte était la taupe, parce qu'il était déjà menacé de perdre la vue; l'abbé de Pons, disgracié de la nature parl'irrégu-

1. Art poétique, I, 161-62.

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