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PETIT AVIS

A UN JÉSUITE[1]

Il vient de paraître une petite brochure édifiante d'un frère de la troupe de Jésus, intitulée Acceptation du défi hasardé par l'auteur des Répliques aux Apologies des jésuites. A Avignon, aux dépens des libraires[2].

Il traite le respectable et savant auteur de ces Répliques de faiseur de libelles. Le prétendu libelle que le frère de la troupe de Jésus attaque est un ouvrage très-solide et très-lumineux d'un conseiller au parlement de Paris, et ce prétendu libelle ne contient rien dont la substance ne se retrouve dans les arrêts des parlements qui ont condamné les jésuites. On cherche d'ordinaire à fléchir ses juges ; mais notre frère leur parle comme s'ils étaient sur la sellette, et lui sur le grand banc.

Notre frère (page 5) appelle le conseiller Médée, Don Quichotte, Goliath, Miphiboseth, Ésope. Il est difficile qu'un conseiller au parlement soit tout cela ensemble; notre frère prodigue un peu les épithètes.

Il dit (page 6) : Loin de moi ces grossièretés indécentes, ces injures audacieuses ! Notre frère n'a pas de mémoire.

  1. Les jésuites, après s'être laissé chasser comme des capucins, écrivirent contre les parlements de gros volumes d'injures que personne ne put lire ; ensuite ils se mirent à prêcher contre les philosophes, à écrire contre eux des mandements, des dictionnaires, des brochures, ce qui leur valut un peu d'argent, et l'honneur de dîner à la table des valets de chambre de l'archevêque de Paris, Beaumont, qui, se souvenant qu'il était gentilhomme avant d'être prêtre, ne mangeait point avec des prêtres roturiers. (K.) — Il est question de cet opuscule dans une lettre à Bernis, du 26 mai 1762, et dans une à d'Argental, du 31 mai. C'est peut-être ce Petit Avis que Voltaire envoyait à Damilaville le 17 avril, de la part de M. Frichebaume, libraire. (B.)
  2. On ne sait de qui est l' Acceptation. Voltaire l'attribue à un jésuite de Lyon ou de Toulouse ; voyez sa lettre à Bernis, du 26 mai 1762, où il nomme l'abbé Chauvelin comme auteur de l'opuscule attaqué dans l'Acceptation.