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EXTRAIT

DE LA GAZETTE DE LO\DnES

Di 20 FÉvr. (EU 17 0"2.

��-\ous apprenons que nos voisins les Français sont animés autant que nous au moins de l'esprit patriotique. Plusieurs corps de ce royaume signalent leur zèle pour le roi et pour la patrie. Ils donnent leur nécessaire pour fournir des vaisseaux ; et on nous apprend que les moines, qui doivent aussi aimer le roi et la patrie, donneront de leur superflu.

Ou assure que les bénédictins, qui possèdent environ neuf mil- lions de livres tournois de rente dans le royaume de France, fourniront au moins neuf vaisseaux de haut bord ;

Que Tabbé de Cîteaux, homme très- important dans l'État, puisqu'il possède, sans contredit, les meilleures vignes de Bour- gogne et la plus grosse tonne, augmentera la marine d'une par- tie de ses futailles. Il fait bâtir actuellement un palais^ dont le devis est d'un million sept cent mille livres tournois, et il a déjà dépensé quatre cent mille francs à cette maison pour la gloire de Dieu : il va faire construire des vaisseaux pour la gloire du roi.

On assure que Glairvaux suivra cet exemple, quoique les vignes de Glairvaux soient très-peu de chose ; mais, possédant quarante mille arpents de bois, il est très en état de faire con- struire de bons navires.

Il sera imité par les chartreux, qui voulaient même le prévenir, attendu qu'ils mangent la meilleure marée, et qu'il est de leur intérêt que la mer soit libre. Ils ont trois millions de rentes en France pour faire venir des turbots et des soles. On dit qu'ils donneront trois beaux vaisseaux de ligne.

��1. Il est question du palais de Cîteaux dans le paragraphe xvi du Pot-Pourri. Le revenu de Tabbè de Citeaux était, en 1700, de 120,000 francs. (B.)

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