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SUR FRÉRON. 189

��COPIE

DE LA LETTRE DE M. HOYOl, AVOCAT AU PAHLEMEXT DE REXXES, MARDI MATIN, 6 MARS 1770'.

« FréroD, auteur de V Année littéraire, est mon cousin, et, mal- heureusement pour ma sœur, pour moi et pour toute la famille, mon beau-frère depuis trois ans,

(( Mon père, subdélégué et sénéchal du Pont-PAbbé, à trois lieues de Quimper-Corentin, en Basse-Bretagne, quoique dans une situation aisée, n'étant pas riche, ne donna à sa fille que vingt mille livres de dot. Trois jours après les noces, M. Fréron jugea à propos d'aller à Brest, où il dissipa cette somme avec des bateleuses.

(c II revint chez son beau-père pour donner à ma sœur, sa femme, un très-mauvais présent, et demander en grâce de quoi se rendre à Paris. Mon père fut assez bon, ou plutôt assez faible pour donner encore mille écus... Il était alors à Lorient et quoi- qu'il reçut cette nouvelle somme par lettre de change, il ne put se rendre qu'à Alençon, et fit le reste de la route jusqu'à Paris comme les capucins, et ne donna pour toute voiture à sa femme qu'une place sur un peu de paille dans le panier de la voiture publique,

« Arrivé à Paris, il n'en agit pas mieux avec elle. Ma sœur, après deux ans de patience, se plaignit à mon père, qui m'or- donna de me rendre incessamment à Paris pour m'informer si ma sœur était aussi cruellement traitée qu'elle le lui marquait. Alors Fréron chercha et tenta tous les moyens de me perdre. Il sut que, pendant les troubles du parlement de Bretagne, où je militais depuis plusieurs années en qualité d'avocat, j'ai montré un zèle vraiment patriotique et toute la fermeté d'un bon citoyen,

<( Comme il faisait le métier d'espion, il ne négligea rien pour obtenir, par le moyen de.,., une lettre de cachet pour me faire renfermer.

« Fréron, qui voulait être à la fois ma partie, mon témoin et mon bourreau, vint en personne, escorté d'un commissaire et de neuf à dix manants, m'arrêter dans mon appartement à Paris, rue

1. Cette Lettre ne pouvait, d'après sa date, être dans l'édition de 1769 des Anecdotes sur Fréron. Elle y fut ajoutée dans l'édition de 177U. (B.) — Voltaire en a donné un extrait dans le Dictionnaire philosophique : voyez tome XVU, page 215,

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