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SUR FRÉRON. 183

moyennant vingt-quatre livres la feuille d'impression : c'était toute sa ressource pour vivre. 11 portait alors le petit collet ; et un jour qu'il était au parterre de la Comédie-Française, il se prit de pa- roles avec un avocat ; au sortir du parterre on en vint aux coups ; et les deux champions se vautrèrent dans la ])oue en présence de six cents personnes.

M. d'Estouteville retira Fréron chez lui, pour l'aider à tra- duire le chant des Plaisirs ûu chevalier Marina Ils le traduisirent ensemhlo ; et après la mort de M. d'Estouteville, Fréron s'attrihua l'ouvrage à lui seul. Notez que Fréron ne sait pas l'italien.

A peine l'ahbé Desfontaines tomba malade de la maladie dont il est mort, que Fréron le quitta pour faire des feuilles en son nom. Il les intitula Lettres d'une comtesse -,

Dès le troisième ou quatrième cahier de ce nouveau journal, Fréron eut l'impudence d'attaquer M. l'abbé de Bernis, sur une pension de mille écus que lui faisait avoir M""^ de Pompadour. Le fruit de cette insolente plaisanterie fut le séjour de quelques mois à Vincennes, d'autres disent à Bicêtre, et un exil de huit mois à Bar-sur-Seine.

Il revint à Paris, et je sais que pour vivre il s'était associé avec des fripons au jeu ; qu'ils avaient des dés pipés, et qu'une nuit ils gagnèrent quarante louis au procureur Laujon, dans la rue des Cordeliers. Ce fait, ainsi qu'un autre de cette nature, est rap- porté en termes couverts dans VObservateur littéraire de l'abbé Laporte, année 1758, tome II, page 319 ^

En 1719 ^ Fréron entreprit un nouveau journal satirique^, sous le titre de Lettres sur quelques écrits de ce temps. Il s'associa, pour cet ouvrage, un nommé Dutertre, auteur de l'Histoire des conjura- tions, d'un Abréqé de l'histoire d'Angleterre, etc. Ce Dutertre est mort^ Il eut part avec Fréron aux dix premiers volumes des Lettres sur quelques écrits de ce temps.

Ces Lettres ont été interrompues et reprises plusieurs fois. La première cause qui les fit interdire est un article concernant la Vie de Ninon de l'Enclos^ ; et cet article de Ninon de l'Enclos fait le commencement du tome VI des Lettres sur quelques écrits de ce

1. Les Vi-ais Plaisirs, ou les Amours de Vénus et d'Adonis, 1748. in-12.

2. Voyez tome XVIH, la note 2 de la page 558.

3. Fréron n'y est pas nommé.

4. n y a erreur dans la date. {Xote de Voltaire.) — Les Lettres sur quelques écrits de ce temps ont commencé en 1749, et fini en 1754; elles forment treize volumes in-12. (B.)

5. En 1759.

6. Par Bret: voyez, tome XXIII, la note 2 de la page 513.

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