Au reste, je suis encore bien faible ; vous me trouverez au lit, et je ne pourrai que vous jeter à la tête ma seringue et mon pot de chambre ; mais dès que j’aurai un peu de force, je ferai charger mes pistolets cum pulvere pyrio[1] ; et en multipliant la masse par le carré de la vitesse jusqu’à ce que l’action, et vous, soyez réduits à zéro, je vous mettrai du plomb dans la cervelle ; elle paraît en avoir besoin.
Il sera triste pour vous que les Allemands, que vous avez tant vilipendés, aient inventé la poudre, comme vous devez vous plaindre qu’ils aient inventé l’imprimerie.
Adieu, mon cher président.
Comme il y a ici cinquante à soixante personnes qui ont pris la liberté de se moquer prodigieusement de vous, elles demandent quel jour vous prétendez les assassiner.
— On avait espéré que ce dernier cordial pourrait enfin opérer sur l’esprit revêche du natif de Saint-Malo ; qu’il se désisterait de ses expériences cruelles ; qu’il ne persécuterait plus les Suisses ni les Akakia ; qu’il laisserait les Allemands en repos, et qu’il pourrait même un jour, quand il serait parfaitement rétabli, rire des symptômes de sa maladie.
Mais le médecin Akakia, en homme prudent, voulut ménager encore la délicatesse du natif de Saint-Malo ; et, en s’adressant humblement au secrétaire éternel de l’académie dudit Malouin, il lui écrivit ainsi :
Je vous envoie l’arrêt de mort que le président a prononcé contre moi, avec mon appel au public et les témoignages de protection que m’ont donnés tous les médecins et tous les apothicaires de Leipsick. Vous voyez que M. le président ne se borne pas aux expériences qu’il projette dans les terres Australes, et qu’il veut absolument séparer dans le Nord mon âme d’avec mon