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AVERTISSEMENT.

propres rétablis. Quelques erreurs dans lesquelles on était tombé y sont réformées. Par exemple, on lit dans quelques éditions contrefaites à la hâte sur les premiers exemplaires sortis de Berlin qu’il y a des esclaves à la base de la statue de la place de Vendôme ;

Que le président Périgny était sous-précepteur de Louis XIV ;

Que le parlement complimenta le cardinal de Mazarin en 1653 ;

Que le marquis de Marivaux se plaignit au roi, et qu’un détachement du régiment de la marine fut battu par les fanatiques des Cévennes.

Il n’y a point d’esclaves au pied de la statue de la place de Vendôme. Ce fut au retour de l’île des Faisans que le parlement députa au cardinal Mazarin. Le président Périgny fut précepteur de Monseigneur, fils unique de Louis XIV. Ce ne fut point M. de Marivaux à qui Louis XIV fit la réponse dont il est parlé. Ce n’est point le régiment de la marine, mais des troupes de la marine, c’est-à-dire destinées à servir sur des vaisseaux, qui eurent affaire aux fanatiques.

Ce serait peu de chose que la réformation de ces fautes légères, corrigées même dans un grand nombre des exemplaires de Berlin ; mais il importe d’être détrompé des erreurs capitales dont toutes les histoires volumineuses de Louis XIV fourmillent à chaque page ; il importe de connaître les véritables motifs de la paix de Riswick, les circonstances glorieuses de celle de Nimègue ; les services que le maréchal d’Harcourt rendit en Espagne, et jusqu’à quel point il disposa les esprits ; les nouvelles recherches qu’on a faites sur le prisonnier au masque de fer ; enfin des pièces originales écrites de la main de Louis XIV, qui servent à faire connaître son caractère et à le rendre bien respectable.

Outre ces particularités intéressantes, les chapitres concernant les arts et les progrès de l’esprit humain, principal objet de cet ouvrage, sont augmentés d’articles également curieux et utiles.

On n’attendra pas longtemps cette édition. Tout ce qu’on peut faire, c’est d’avertir les libraires qui voudront la contrefaire de s’y conformer, et de demander à l’auteur ses instructions, en cas que par la suite il ait quelque chose à réformer à cet ouvrage.

FIN DE L’AVERTISSEMENT.