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AVERTISSEMENT[1]


On mettra en vente incessamment à Leipzig une nouvelle édition du Siècle de Louis XIV, augmentée de près d’un tiers, et qui ne contiendra pourtant que deux volumes portatifs. La première édition de Berlin, incomplète et remplie de fautes, comme le sont presque toutes les premières éditions, a du moins servi à faire parvenir à l’auteur beaucoup de remarques, d’anecdotes et d’instructions très-importantes en tout genre, dont il a fait usage dans la nouvelle édition qu’il revoit avec soin. Les libraires qui se sont hâtés d’imprimer suivant la première de Berlin auraient dû au moins le consulter. Il leur aurait fourni volontiers toutes les additions et les changements ; et la magnifique édition d’Angleterre[2] ne serait pas, comme elle l’est, une entreprise inutile.

C’est un abus intolérable que des libraires impriment un auteur sans sa permission. Voilà comme on a donné depuis peu une partie d’une histoire universelle du même écrivain, tronquée, défigurée, et remplie de fautes absurdes. C’est avec la même infidélité qu’on s’est empressé d’imprimer la tragédie de Rome sauvée ou Catilina, que des éditeurs clandestins avaient transcrite à la hâte aux représentations. Ils ont vendu ce manuscrit à un malheureux libraire, et y ont inséré plus de cinquante vers de leur façon, après avoir défiguré le reste de l’ouvrage. Si le libraire avait eu seulement le bon sens d’avertir l’auteur, il lui aurait envoyé la véritable pièce pour l’empêcher de tromper le public ; mais presque tous ses ouvrages ont été ainsi traités.

Il tâche au moins de remédier à cet abus par l’édition exacte qu’on fait à Leipzig du Siècle de Louis XIV.

Toutes les fautes typographiques y sont corrigées, et les noms

  1. Cet Avertissement est extrait du Mercure, novembre 1752.
  2. Je crois que l’édition dont Voltaire parle ici est celle d’Édimbourg, deux volumes in-12, qui est plus belle que toutes les éditions du Siècle de Louis XIV publiées jusqu’alors, mais qui ne mérite pourtant pas l’épithète que lui donne Voltaire. (B.)