ner le parti huguenot, rabaisser l’orgueil des grands, réduire tous ses sujets dans leur devoir, et relever son nom dans les nations étrangères au point où il devait être, etc. » (pages 6 et 9). Or, il est de notoriété publique que quand Louis XIII consentit à mettre le cardinal de Richelieu dans le conseil, il était bien éloigné de connaître le bien qu’il procurait à la France et à lui-même. Il est public que le roi, qui alors avait de l’éloignement pour ce grand homme, ne fit que céder aux instances de la reine sa mère, qui triompha enfin de la répugnance de son fils, après s’être donné les plus grands mouvements pour introduire dans le conseil celui qu’elle avait fait cardinal, qu’elle regardait comme sa créature, et par qui elle espérait gouverner. On eut même besoin de gagner le marquis de La Vieuville, surintendant des finances, qui consentit avec beaucoup de peine à voir entrer le cardinal au conseil en 1624. Il n’y eut ni la première place ni le premier crédit. Toute cette année se passa en jalousies, en cabales, en factions secrètes ; le cardinal ne prit que peu à peu l’ascendant.
Quelques lecteurs apprendront peut-être ici avec plaisir que le cardinal de Richelieu n’eut les provisions de premier ministre qu’en 1629, le 11 novembre ; Louis XIII les signa seul de sa main. Ces lettres patentes sont adressées par le roi au cardinal même ; et ce qu’il y a de très-remarquable, c’est que les appointements attachés à cette nouvelle dignité y sont en blanc, le roi laissant à la magnificence et à la discrétion de son ministre le soin de prendre au trésor public de quoi soutenir la grandeur de cette place.
Je reviens, et je dis qu’il n’est pas vraisemblable que le cardinal ait tenu en 1624 les discours qu’on lui prête. Il est beau de faire tant de grandes choses, mais il est téméraire de les promettre ; et c’eût été le comble du ridicule et de l’indécence de dire au roi son maître en entrant dans ses conseils : Je relèverai votre nom. On lui fait raconter sans bienséance et avec infidélité ce qu’il a fait : il ne dit rien du tout de ce qu’il faut dire. Pourquoi ? c’est que l’un était fort aisé, et l’autre très-difficile.
IX. Par le peu qu’on vient de dire, il paraît déjà que l’ouvrage prétendu ne peut convenir ni au caractère du ministre à qui on le donne, ni au roi auquel on l’adresse, ni au temps où on le suppose écrit ; j’ajouterai encore, ni au style du cardinal. Il n’y a qu’à voir cinq ou six de ses lettres, pour juger que ce n’est point du tout la même main ; et cette preuve suffirait pour quiconque a le moindre goût et le moindre discernement. D’ailleurs le cardinal de Richelieu, obligé de faire quelquefois des actions violentes,