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DES MENSONGES
IMPRIMÉS
ET
DU TESTAMENT POLITIQUE
DU CARDINAL DE RICHELIEU
(1749-1750)[1]


On peut aujourd’hui diviser les habitants de l’Europe en lecteurs et en auteurs, comme ils ont été divisés pendant sept ou huit siècles en petits tyrans barbares qui portaient un oiseau sur le poing, et en esclaves qui manquaient de tout.

I. Il y a environ deux cent cinquante ans que les hommes se sont ressouvenus petit à petit qu’ils avaient une âme ; chacun veut lire, ou pour fortifier cette âme, ou pour l’orner, ou pour se vanter d’avoir lu. Lorsque les Hollandais s’aperçurent de ce nou-

  1. Un morceau intitulé Des Mensonges imprimés, et imprimé à la suite de la Tragédie de Sémiramis, 1749, in-12, se composait, sauf les variantes, de ce qui forme aujourd’hui les vingt et un premiers paragraphes. À la suite d’Oreste, 1750, in-12, parurent un Chapitre II sur les Mensonges imprimés (c’est ce qui forme aujourd’hui les paragraphes XXII à XXIII), et Chapitre III, sur les Mensonges imprimés, raisons de croire, etc. (voyez, ci-après, page 443). Le morceau imprimé en 1749 fut reproduit, l’année suivante, dans le tome IX de l’édition des Œuvres de Voltaire, publiée à Dresde ; et encore séparément, avec des remarques et des notes, en Hollande, 1750, petit in-8°, de quatre et soixante-deux pages. Sur le faux-titre de cette édition séparée on lit : Défense des libraires hollandais contre les Mensonges imprimés de M. de Voltaire.

    Le Recueil des testaments politiques de Richelieu, Colbert, etc., 1749, quatre volumes in-12, avait donné naissance à l’opuscule Des Mensonges imprimés. Pour combattre l’opinion de Voltaire, on fit paraître : I. Réfutation du sentiment de Voltaire (par Léon Ménard, né en 1706, mort en 1767), 1750, in-12. — II. Lettre sur le testament politique du cardinal de Richelieu, 1750, in-12. L’auteur de ce dernier écrit est Foncemagne, avec qui la querelle se réengagea en 1764 ; voyez, ci-après, les Doutes nouveaux et l’Arbitrage. (B.)